Comme toujours, cette histoire a commencé dans l'enfance, et dans les livres. Le petit Didier, grand amateur des aventures d'Arsène Lupin, découvre un jour que le héros de Maurice Leblanc possédait un entrepôt au 95, rue Charles-Laffitte, à Neuilly-sur-Seine, à quelques numéros de là où il habitait avec sa famille. Il est bien sûr allé vérifier. Et c'est devenu depuis, chez lui écrivain, une habitude : recenser dans un carnet les adresses parisiennes des personnages de tous les livres qu'il a lus : de Proust à Modiano, grand pourvoyeur de renseignements, en passant par le Edouard des Faux-Monnayeurs de Gide, ou encore le Anton Voyl de La disparition de Perec. A son sujet, Didier Blonde, érudit facétieux, s'amuse à rédiger sa notice sans aucun e. Mais il relève aussi, chez ses auteurs de prédilection, des adresses factices, des numéros qui n'existent pas, des télescopages : ainsi l'hôtel particulier du baron de Charlus, au 59, rue de Varenne, est-il celui d'une ancienne cocotte, devenue Comtesse Ferraud dans Le colonel Chabert. Proust, grand admirateur de Balzac, ne peut pas ne pas l'avoir fait exprès. Il y a enfin, émouvants, des numéros de téléphone, comme le Maillot 25-66 de ses parents. La tentation est grande d'appeler, comme si un défunt cher allait répondre. La littérature, seule, possède ce pouvoir. Jean-Claude Perrier
Didier Blonde
Carnet d'adresses de quelques personnages fictifs de la littérature
Gallimard
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 19 euros ; 256 p.
ISBN: 9782072895142