Nouveaux auteurs, un élargissement de la ligne éditoriale, une charte graphique modernisée… L’éditeur poche J’ai Lu (Madrigall) annonce le renouvellement de sa ligne éditoriale et graphique. Des nouveautés opérées par Anne Maizeret, arrivée en octobre 2019 à la tête des collections "Policier" et "Littérature étrangère" chez J’ai lu.
Comment allez-vous renouveler votre ligne éditoriale ?
Nous allons davantage prendre parti et avoir une approche décomplexée du polar. Il ne s’agit plus de copier des succès. La mission du poche est d’exposer toutes les facettes d’un genre. Nous publierons selon nos goûts allant du policier au thriller ésotérique.
Quels sont les thèmes et tendances que vous aimeriez publier davantage ?
L’intérêt est porté sur le traitement en soi de l’histoire, plus que sur le thème. En parallèle, il y a un vrai intérêt du public pour le “true crime”. Nous sentons aussi un frémissement pour le polar asiatique, mais je n’ai pas encore trouvé de titres dans ce registre. La différence que nous avons par rapport à d’autres éditeurs poche, c’est qu'au sein de notre groupe [Madrigall NDLR], nous n’avons pas beaucoup de polars publiés, nous devons les dénicher ailleurs.
Qu’est qui vous a poussé à redynamiser votre ligne éditoriale ?
Nous avons été encouragés par le succès de Dans la gueule de l'ours signé James A. McLaughlin. Près de 30000 ventes… Nous continuons à publier des grands noms comme Fred Vargas. En parallèle, les lecteurs ont cette envie de lire des choses nouvelles.
Comment allez-vous trouver les nouveaux talents ?
Nous échangeons souvent avec des maisons confidentielles lors de salons et festivals. Pour le premier roman de Sandrine Cohen, j’ai rencontré l’éditeur (Caïman) à Quais du Polar. Cela nous permet d’approcher les textes par un biais plus humain, et non avec des arguments artificiels comme le nombre d’exemplaires vendus.
Comment laisser de la place à des auteurs émergents face aux têtes d’affiche ?
Il faut se battre et prendre des risques ! Donner envie et être désirable auprès des lecteurs. Par exemple, j’ai été séduite par l’univers singulier de Victor Guilbert dans son premier roman Douve (Hugo Roman). Nous le publions en poche le 9 mars, en synergie avec sa nouveauté, Terra nullius, chez Hugo Roman. Nous imprimons également des extraits dans des livrets pour faire découvrir les auteurs émergents.
Quelles sont les grosses sorties que vous préparez pour 2022 ?
En septembre, nous publions Sandrine Cohen, Rosine : une criminelle ordinaire, un thriller psychologique autour de la maternité, mais aussi Il y a tant de façons de mourir de Jessica Barry, un thriller efficace. Ce sont deux sorties qui peuvent sembler opposées, mais qui ne le sont pas tant que ça finalement.
Faites-vous une distinction entre le roman noir et le polar ?
Le polar s’interroge sur la noirceur de l’âme. Il est codifié alors que le roman noir s’affranchit des codes. Cette frontière, je pense, tend à s’atténuer. Une forme de snobisme a existé envers le polar. Mais les succès populaires sont devenus des ouvrages estimés. Les auteurs américains ont également influencé les auteurs, éditeurs et lecteurs français. Les séries télévisées peuvent également créer des polars de qualité.
Souhaitez-vous publier des adaptations à succès dans votre collection ?
Sur le papier oui. Mais mon intuition me dit que les adaptations en polars, contrairement à d’autres genres, fonctionnent moins bien. Les lecteurs ont déjà eu leur compte avec la série télévisée : l’affaire est close.
Pour lancer votre renouvellement éditorial, vous avez modernisé votre charte graphique...
En interne, nous l’appelons la charte “21 degrés” en raison de l’inclinaison à 21 degrés du bloc “auteur” et “titre”. La couverture est entourée d’une bordure. L’idée est de reprendre des codes du polar, mais modernisés et revisités. Nous disposons d’une vraie liberté visuelle et typographique. Toutes nos réimpressions sont maintenant inscrites dans cette nouvelle charte. Pour lancer la nouvelle collection, nous proposons également en mars l'opération marketing "J'ai Lu : un livre gratuit, pour deux achetés".