Manager Magazin a lancé l'information dans son numéro du 17 février, et la holding Douglas, maison mère des librairies Thalia, ne l'a pas démentie : la première chaîne de librairies allemandes serait à vendre. Des négociations seraient notamment en cours avec le fond d'investissement américain Najafi, celui-là même qui a repris les activités de Bertelsmann aux Etats-Unis et en France.
Considérée comme une filiale à problèmes par ce groupe qui se déploie surtout dans le secteur de la parfumerie, Thalia compte aujourd'hui 295 points de vente en Allemagne, en Autriche et en Suisse, et emploie 5 300 collaborateurs. Dans son dernier bilan, portant sur l'exercice 2010-2011, l'enseigne a réalisé un chiffre d'affaires de 935 millions d'euros, en augmentation de 3,5 % par rapport à l'exercice précédent, mais le bénéfice avant impôt a chuté de 20 à 5 millions d'euros.
Pour les responsables de la chaîne, les sites de vente sur Internet (Amazon en tête) et les ventes d'ebooks sans cesse en progression sont des facteurs de concurrence aigus pour les points de vente. Placée face à un
“grand défi”, comme le proclament les responsables du groupe, la branche a commencé un plan de restructuration passant par la réduction des points de vente et la mise en place de produits autres que le livre dans les espaces existants, notamment les jouets.
Ce plan va totalement à l'encontre de la stratégie de développement que Thalia avait farouchement engagée depuis plusieurs années, et qui a consisté à multiplier les acquisitions de sites et à procéder à des agrandissements, menant une guerre sans merci à son principal concurrent, DBH, holding de librairies née de la fusion entre les librairies munichoises Hugendubel et le groupe d'Augsbourg Weltbild.
A eux deux, Thalia et DBH dominent largement le secteur de la librairie en Allemagne. Pour de tout autres raisons, d'ordre plus “morales” celles-là, le groupe Weltbild a été mis ouvertement en vente en novembre par ses propriétaires, un ensemble d'évêchés allemands
(voir notre actualité du 25 novembre 2011).
Si ces deux projets aboutissent, les structures de la librairie allemande risquent d'être modifiées en profondeur.