Saluées par les librairies qui ont apprécié de pouvoir se retrouver, discuter ensemble de leur quotidien et échanger sur les bonnes pratiques, ces Assises ont permis de faire le point sur les principales problématiques de la profession.
Particulièrement axée sur les questions de territoire, la première journée a été l’occasion de présenter la situation des librairies en Provence-Alpes-Cote d’Azur et d’évoquer la dévitalisation des centres-villes. Des témoignages ont mis en avant des leviers d’actions possibles avec les élus, avec les bibliothécaires mais aussi entre les commerçants de périphérie et de centre-ville pour favoriser les passerelles.
Centrée sur le métier mais faisant intervenir des tiers partenaires (éditeurs, bibliothécaires, logisticiens...), une demi-douzaine d’ateliers a été proposée pour évoquer, de manière concrète, les politiques d’achat des collectivités, le transport, les politiques de mises en place, mais aussi bien sûr les conditions générales de ventes.
Dans l’atelier consacré à la distribution, les coûts et surtout les délais de livraison ont focalisé les attentions et la Sodis a été montrée du doigt notamment sur les délais de livraison. Evoquant le manque de transparence chez les distributeurs, Marie-Aube Ruault (La Carline à Forcalquier) a suggéré, à l’échelle associative, la création d’un annuaire permettant aux libraires d’identifier et de joindre du premier coup le bon interlocuteur.
Enclencher un cercle vertueux
Concernant les conditions générales de ventes, c’est Interforum qui a été pointé du doigt, tant pour sa gestion des encours que pour ses niveaux de remise. Emilie Berto-Miara, qui a ouvert en 2016 la librairie Pantagruel à Marseille, annonçait ainsi un laborieux passage de 32% à 33% seulement pour ses remises de base. Dans cet atelier consacré aux CGV, Stéphane Rocton (Librairie des Perthuis à Oléron et président de l’association Librairies indépendantes en Nouvelle Aquitaine) et Mathias Echenay (consultant chez Axiales, ex-DG du CDE) ont mis en avant l’importance de la notion de partenariat entre diffuseur et libraire. Les efforts démontrés du libraire pour développer les ventes d’un catalogue doivent s'accompagner de l’octroi de meilleures CGV, susceptibles d’enclencher un cercle vertueux. A l’inverse, un libraire a tout intérêt, selon Stéphane Rocton, à pénaliser un diffuseur ne faisant aucun effort. "Lorsqu’il s’aperçoit que son concurrent a été favorisé à son détriment, celui-ci revient nous voir et se montre plus conciliant, observe le libraire. C’est un moyen de pression qui généralement porte ses fruits et permet de repartir sur de nouvelles bases."
Dans les différents domaines abordés au cours de ces deux jours, les libraires ont pointé l’importance de nouer des relations de confiance avec leurs partenaires mais aussi de développer les forces du collectif pour avoir davantage de poids vis-à-vis de ces partenaires.
Ayant permis de dégager différentes pistes de travail, ces Assises, appréhendées comme une première étape, ont vocation à donner lieu à un plan d’action à l’échelle régionale, explique Eric Dumas, président de Libraires du Sud et gérant de Lettres vives à Tarascon, espérant, par ailleurs, que l’expérience et les pistes de travail évoquées essaimeront dans d’autres régions.