Livres électroniques, périodiques en ligne, archives ouvertes, réseaux sociaux : les ressources numériques occupent désormais une place prépondérante dans la production, la diffusion et la consommation de l'information. Pour les bibliothèques, les proposer, mais plus encore en être des médiateurs actifs auprès des usagers, représente aujourd'hui un enjeu majeur. Mais comment se repérer dans la "jungle informationnelle globale » du Web, selon l'expression d'Alexis Rivier, conservateur, responsable de la bibliothèque numérique à la Bibliothèque de Genève ? Mémento de l'information numérique, qu'il cosigne avec Jean-Philippe Accart, chargé de recherche pour Bibliothèque et Archives de la Ville de Lausanne, constitue un outil précieux pour les professionnels désireux de se frayer un chemin pertinent au coeur du maquis numérique.
Dans ce manuel paru en mars aux éditions du Cercle de la librairie (département d'Electre, au même titre que Livres Hebdo), les deux auteurs dressent un panorama très complet de l'information numérique, abordée sous ses différents aspects, rarement rassemblés dans un même ouvrage. Ils s'intéressent aux différents profils d'usagers numériques comme aux types de ressources, aux méthodes et outils de recherche, à l'utilisation des informations collectées ainsi qu'à l'environnement légal de ces ressources (droits d'auteur, conditions d'accès, etc.).
Opportunité et danger
Les auteurs observent en profondeur les mutations à l'oeuvre, ainsi que leurs conséquences sur les bibliothèques et plus globalement sur la société. Car si le modèle d'organisation des bibliothèques ressemble beaucoup à celui du Web - une collectivité met en commun un très grand nombre de documents -, ce dernier est à la fois une opportunité et un danger pour les bibliothèques. "Le développement du numérique change progressivement mais de façon assez radicale les modalités économiques de production et de consommation de l'information, note Alexis Rivier. L'évolution la plus spectaculaire est la généralisation de la mise à disposition gratuite des contenus. »
Jusqu'à présent, la gratuité de l'accès à l'information et du service de recherche était spécifique aux bibliothèques. Internet les menace en élargissant ce principe à l'ensemble des recherches sur le Web : les moteurs de recherche se révèlent attractifs car ils ne coûtent rien à la collectivité, contrairement aux bibliothèques. Le numérique constitue pourtant dans le même temps pour elles une opportunité unique de se repositionner dans le flux de l'information : "Si le Web 1.0 a été l'oeuvre des informaticiens, si le Web 2.0 est celui des utilisateurs, le Web 3.0 devrait être celui des professions des sciences de l'information », prédit Jean-Philippe Accart.
