Faute des pères. Auteur de nombreux récits biographiques, politiques, historiques, le journaliste Vincent Quivy avait, il y a vingt ans, consacré l'un d'entre eux, Les soldats perdus (Seuil), aux témoignages d'anciens de l'OAS. Il y revient aujourd'hui sur un versant plus intime, plus douloureux aussi, pour son premier roman, Ni pleurs ni pardon.
Palma de Majorque, années 1960. Pas le meilleur endroit ni nécessairement le meilleur moment pour avoir 17 ans, comme le narrateur du livre. Celui-ci, jeune Français, vit là comme en transit auprès d'une mère profondément dépressive. Il attend seulement les rares visites de son père, ancien haut responsable de l'OAS, fugitif traqué, protégé seulement par la solidarité de ses anciens camarades ayant trouvé dans l'île et sous le franquisme un abri précaire. Il règne sur l'adolescence de ce garçon un climat crépusculaire et ses débuts dans la vie pourraient correspondre à la fin de celle de son père... Heureusement pour lui, il y a Esteban, surgi sans crier gare dans sa morne existence, sa seule ligne de fuite, son seul horizon (qui peut s'appeler Barcelone, qui peut s'appeler le Pays basque, qui s'appelle l'amitié). Mais pour le rejoindre, lui et les plaisirs qu'il lui promet, il faudra abandonner sa mère, trahir son père, dénouer les liens avec l'histoire tragique des temps.
Ce théâtre d'ombres un tantinet modianesque, Vincent Quivy le déploie avec une vraie virtuosité. Il s'y entend à merveille pour montrer comment, sur fond de mondes qui basculent dans l'abîme, la faute des pères est parfois la rédemption des fils.
Ni pleurs ni pardon
Editions de l'Observatoire
Tirage: 5 500 ex.
Prix: 20 € ; 240 p.
ISBN: 9791032928394