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Vincent Bolloré et Bernard Arnault se disputent le groupe Lagardère

Vincent Bolloré.

Vincent Bolloré et Bernard Arnault se disputent le groupe Lagardère

L'actionnaire d'Editis s'approche un peu plus d'Hachette en devenant le premier actionnaire de sa maison mère. Un drôle de combat entre Vincent Bolloré (Vivendi) et Bernard Arnault (LVMH) se met en place pour le contrôle du groupe Lagardère. Hachette Livre et le réseau Relay sont au cœur de ces enjeux capitalistiques.

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Par Vincy Thomas,
Créé le 17.07.2020 à 16h11

C'est une étape symbolique majeure. Vivendi, actionnaire d'Editis, deuxième groupe éditorial français, est devenu le premier actionnaire du groupe Lagardère, propriétaire d'Hachette Livre, numéro un français de l'édition, et du réseau Relay.

Le groupe de Vincent Bolloré a atteint 21,19% du capital et 16,01% des droits de vote. Au printemps, Vincent Bolloré avait justifié sa prise de participation comme amicale pour protéger Arnaud Lagardère et sa commandite des ambitions du fonds Amber Capital, autre actionnaire de Lagardère. Cet été, il envisage de demander une représentation au conseil de surveillance et de poursuive sa montée en puissance dans le capital. D'un point de vue juridique, la présence de Vivendi au conseil d'administration de Lagardère pourrait poser un problème de conflit d'intérêt, puisqu'Hachette et Editis sont des concurrents directs.

De l'investissement financier, Vivendi est passé à l'investissement stratégique. Deux mois après une assemblée générale mouvementée, où Arnaud Lagardère était parvenu à sauver son fauteuil à la tête du groupe, les cartes se trouvent à nouveau rebattues. Arnaud Lagardère apparaît encore plus fragilisé. Sa société holding, Lagardère Capital & Management, qui détient sa participation dans le groupe Lagardère, a du faire appel à Bernard Arnault (LVMH, Les Echos, Le Parisien, Banijay, Sephora, Radio Classique...), qui avait pris en mai 25% de son capital (80 millions d'euros selon des sources proches du dossier), notamment pour rassurer les créanciers d'Arnaud Lagardère, dont la dette est estimée à 213M€.

Vincent Bolloré y aurait vu un acte hostile, considérant que Bernard Arnault pouvait ainsi aspirer à co-diriger le groupe. En effet, la société en commandite permet actuellement à Arnaud Lagardère de garder le contrôle de son groupe avec moins de 7% du capital. Amber Capital détenait en mai 18% des parts et le fonds souverain du Qatar 13%. Amber, qui cherche à évincer Arnaud Lagardère depuis quelques années, a répliqué à Vivendi en passant à 19,8% du capital et 15% des droits de vote.

Un match entre Bolloré et Arnault

Vincent Bolloré et Bernard Arnaud peuvent être intéressés par les filiales de Lagardère: le livre (en tout cas les branches internationales d'Hachette et certaines filiales complémentaires à Editis), le retail (Relay) mais aussi les médias (Europe 1, le JDD, Paris Match) puisque les deux groupes sont présents dans ce secteur.

Il reste plusieurs questions qui vont agiter le secteur dans les prochaines semaines: Vincent Bolloré va-t-il convoquer une assemblée générale extraordinaire, coopter des administrateurs au conseil de surveillance, ou encore orienter la stratégie de Lagardère? Bernard Arnault va-t-il mettre fin au système de commandite pour prendre le pouvoir au sein du groupe Lagardère?

Si Arnaud Lagardère conserve pour l'instant la direction de son groupe, Vivendi comme LVMH ne cachent plus leurs ambitions de mettre la main sur les actifs ou d'empocher de confortables bénéfices en cas de rachat de capital. Ce qui explique pourquoi après des années de baisse, le cours de l'action de Lagardère a progressé de 8,74% en un mois.


 
 

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