Fidèle poésie. Elle en a fait du chemin, Vénus Khoury-Ghata, depuis Les visages inachevés publié en 1966, le premier de ses nombreux recueils de poèmes, qui lui ont valu les plus prestigieuses récompenses : Grand Prix de poésie de l'Académie française pour Les obscurcis (Mercure de France, 2008) ou prix Goncourt de la poésie pour Où vont les arbres ? (Mercure de France, 2011). Elle a même réussi à être plus connue comme poète que comme romancière !
Ce qui frappe à la lecture de son nouvel ouvrage, Désarroi des âmes errantes, ce sont la constance de ses thèmes d'inspiration (les arbres, les femmes, la guerre, l'Orient, la vie avec ses gestes simples, mais aussi la mort qui guette...) et la fidélité à elle-même, à cette langue poétique et orale, fluide et extrêmement lisible − un cas rare dans la modernité, ce qui donne à son œuvre sa profonde cohérence. Ici, on déplore un arbre abattu ; on dépeint la vie en Orient parmi les différentes communautés religieuses ; on salue des héroïnes tragiques (Anna Karénine, Emma Bovary, mais aussi Virginia Woolf ou Sylvia Plath) ou des artistes comme Baudelaire, Rimbaud et le peintre chilien Roberto Matta, qui a illustré deux livres de Vénus ; on se met à la place de ces femmes soumises aux hommes, parfois violentées, et de leurs filles qui tentent de s'émanciper. Et l'on n'oublie pas les migrants de Méditerranée, morts ou renvoyés chez eux. Personnelle et universelle, grave et profondément humaine, une poésie écrite pour « [s']entendre écrire », et être lue à voix haute.
Désarroi des âmes errantes
Mercure de France
Tirage: 1 500 ex.
Prix: 13 € ; 120 p.
ISBN: 9782715263154