Fanorama. Le projet de ce volume, vaste ensemble de poèmes, avait été élaboré avec Daniel Fano de son vivant. Il avait retrouvé, peu de temps avant sa disparition le 29 octobre 2019, une liasse de ses manuscrits datant des années 1960, lorsque son inspiration et son écriture étaient encore très marquées par le surréalisme. Ainsi les aphorismes de L'oreille qui louche, presque des cadavres exquis : « Le type qui vous envoie les bons baisers des Jivaros ne sait toujours pas jouer aux billes. » Celui-là lui ayant peut-être été inspiré par un épisode de l'album de Tintin L'oreille cassée. Outre qu'il s'était fixé en 1971 en Belgique, le pays du surréalisme et de la bande dessinée, Fano était un fan du roman d'aventures (Bob Morane d'Henri Vernes, à qui il avait consacré un essai, paru au Castor Astral en 2007), de la BD (Blake et Mortimer) et des séries comme Chapeau melon et bottes de cuir. C'était également un cinéphile passionné.
Toutes ces influences passent à travers ses textes, souvent des inventaires, empreints du plus absurde des humours : « Mon fidèle manteau piqué à celui que les journaux appellent toujours Monsieur Hitler − tout esquinté, allez savoir pourquoi, sinon : ma chère valise en peau d'Eva Braun. » On y voyage aussi beaucoup, en rêve ou pour de vrai, comme dans le recueil Chocolat bleu pâle (Le Castor Astral, 1986), orné de vignettes du grand Loustal. Il n'est que temps de (re)découvrir l'inclassable Daniel Fano.
Papier pelure
Flammarion
Tirage: 1 000 ex.
Prix: 22 € ; 307 p.
ISBN: 9782080435897