16 JANVIER - ROMAN France

Philippe Vilain- Photo RUDY WAKS

Depuis L'étreinte (Gallimard, 1997) jusqu'à Pas son genre (Grasset, 2011), en passant par Paris l'après-midi (Grasset, 2006) ou Confession d'un timide (Grasset, 2010), on aime bien Philippe Vilain et ses romans qui ne sont jamais tout à fait ce qu'ils ont l'air d'être, comme sortis de leur orbite autofictionnelle, comme autant de confessions fallacieuses. Le héros de Vilain, mâle occidental en quête d'une plénitude évanouie, ne se peint généralement pas en majesté, mais s'il gratte ses plaies, c'est moins pour éprouver le délicieux rappel de sa douleur que pour dissimuler quelque secret plus inavouable encore. Celui de sa solitude. Ou peut-être de son indifférence.

Ainsi du héros, désolant autant que désolé, de son nouveau roman, La femme infidèle. Un homme, pas plus remarquable qu'un autre, au mitan de sa trentaine, expert comptable auprès d'un cabinet d'assurances, qui par désoeuvrement et distraction apprendra à la lecture de SMS reçus et envoyés par sa femme qu'il est un homme trompé. D'une certaine façon, cette mauvaise fortune sera sa chance. Loin de s'en ouvrir à quiconque, et surtout pas à sa femme adultère, il plongera avec un trouble délice dans les rets de la sidération. A la misérable enquête qu'il entreprend alors, filant sa femme de son foyer jusqu'à son travail et l'hôtel où elle retrouve son amant, s'en substitue une autre, sur lui-même, sa force d'inertie, les tenants et les aboutissants de son désir. Il écrira : "Si je déplorais que, pour être heureux, à tout le moins pour avoir conscience de l'être, le bonheur dût s'éprouver dans la douleur, se payer d'un malheur, je découvrais en même temps, ironiquement j'allais dire, combien l'infidélité de ma femme m'instruisait, ce que, de l'amour, de mon couple et de moi-même, cette infidélité me révélait." Le chagrin le laisse italien et libre. La femme infidèle est une éducation sentimentale.

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