David Plante est un peu le serpent de mer de la littérature américaine. Découvert avec Le sixième fils (B. Coutaz, 1988), l'écrivain avait ensuite disparu des librairies françaises. Avant d'y réapparaître en 2002, cette fois chez Actes Sud, avec Le temps de la terreur. Un fascinant roman situé en Union soviétique que Philip Roth qualifiait d'"allégorie réaliste".
Après une nouvelle absence prolongée, le voici qui entre au catalogue de la collection "Feux croisés" de Plon. American Stranger, qui date de 2010, est un livre particulièrement étrange et entêtant. Nancy Green vit à Boston, mais se rend souvent à New York, roulant trop vite au volant de sa Maserati décapotable aux lignes profilées.
La jeune héroïne de David Plante vient rendre visite à ses parents, nés en Allemagne et réfugiés dans un appartement de l'Upper East Side. De prime abord, cette Juive laïque pourrait passer pour "une petite fille gâtée" s'évertuant "à être insouciante, voire frivole". Plante détaille ici la trajectoire qui sera la sienne jusqu'à une certaine forme de maturité.
Nancy Green aime être entourée. A New York, elle peut compter sur son ami Vinnie. Le maquettiste d'un magazine de luxe qui habite à Chelsea et se définit comme "un être plus social que sexuel". Un certain nombre d'hommes vont avoir un rôle important dans l'évolution de Nancy.
Brun au visage anguleux, Aaron Cohen vient d'une famille hassidique très stricte du Bronx. Il veut pourtant quitter la ville et rejoindre un monastère au nord de l'Etat de New York pour y devenir moine... Voici également Manos, l'étudiant en médecine ; Yvon, le Franco-Américain qui se révèle être un amant plein de ferveur et trouve qu'elle a les pieds sur terre ; ou encore Tim, le veuf qui cache bien son jeu...
David Plante saisit les lumières comme le ferait un photographe. En romancier subtil, il arrive aussi ici à incarner une héroïne qui se demande si elle ne restera finalement pas toujours une étrangère.