Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

Photo PHOTO OLIVIER DION

Mercredi soir, ce sera signé dans les salons du ministère de la Culture à Paris : la France sera officiellement l’invitée d’honneur de la Foire internationale du livre de Francfort en octobre… 2017. Ce n’est que dans deux ans, mais voilà un accord qui revient déjà de loin. L’invitation, lancée au printemps 2012 par la direction de la foire, est longtemps restée sans réponse. C’est à la suite d’une séquence assez rocambolesque, initiée à la fin de l’été dernier par un appel du libraire parisien Yannick Poirier (Tschann) et marquée par des controverses entre de multiples institutions et organisations professionnelles, que le Premier ministre Manuel Valls avait fini par donner le 22 septembre à Berlin le feu vert de l’Etat.

Il faut reconnaître que le dispositif du pays invité d’honneur déployé chaque année à Francfort a de quoi en rebuter plus d’un. Au rang des avantages de la formule, dont la France a bénéficié pour la dernière fois en 1989, la mise en valeur de l’édition, des auteurs et de la culture du pays non seulement au sein de la grande foire professionnelle, mais plus largement dans l’ensemble de l’Allemagne où sont organisées des centaines d’initiatives. Mais il faut en passer pour cela par une organisation et un processus institutionnel lourds, mettant en branle plusieurs ministères et de multiples partenaires. Son coût atteint plusieurs millions d’euros dont la prise en charge par les pouvoirs publics comme par des partenaires privés représente à elle seule un casse-tête. Symbole des ambivalences de l’opération, le pavillon d’honneur, proche de l’entrée de la foire, engloutit à lui seul la majorité du budget pour une exposition de prestige dont les retombées sont hypothétiques.

Dès lors que ces obstacles peuvent être surmontés, cette invitation apparaît pourtant comme une magnifique occasion pour l’édition française de faire valoir ses atouts en Allemagne et sur la scène éditoriale mondiale : une littérature et une littérature graphique profondément renouvelées et diversifiées ; une création pour la jeunesse parmi les plus inventives au monde ; une production dynamique dans tous les domaines, des sciences humaines au pratique en passant par le scolaire et le livre d’art. Une occasion aussi de promouvoir un dispositif législatif et réglementaire qui préserve la diversité des réseaux de vente et donc de la création. Il reste deux ans pour transformer l’opportunité de Francfort 2017 en succès.

12.06 2015

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