"Horreur au pied de Montmartre" : un vieillard est retrouvé mort dans son appartement, avec des marques de tortures. L'affaire qui défraye la chronique se clôt par l'arrestation d'un jeune couple de délinquants sadiques. Et là commence l'enquête de Clovis Bietel, journaliste, engagé par les parents de Thomas Heller. Ce dernier, ami de Clovis, était le voisin de la victime, Pierre Damian, et a disparu depuis le crime. Cette disparition s'est doublée d'un autre mystère : Damian s'appelait autrefois Roland Sastre, fut lieutenant pendant la guerre d'Indochine et est officiellement décédé depuis des années ! Suivant les traces de Thomas, Clovis interroge d'anciens frères d'armes de Sastre et se rend au Viêt Nam. Ainsi un pan entier d'une guerre coloniale qui s'acheva par l'humiliation de Diên Biên Phu se dévoile-t-il ici dans toute son horreur.
Dans son dernier roman, Le défaut du ciel, Philippe Renonçay creuse ses thèmes de prédilection : la tragédie de l'Histoire, l'ubiquité du mal, les ténèbres de la destinée humaine. Corps mutilé au fond d'une cale (Dans la ville basse, Climats, 2003), regard énigmatique d'une jeune femme "empalée sur un sexe vif" dans un calendrier (Le coeur de la lutte, Climats, 2005), les héros de Renonçay sont en quête, la traque se révélant plus métaphysique que policière. Il y a chez cet écrivain un goût pour l'intrigue borgésienne en jeux de miroirs et de quiproquos avec un beau sens du tableau.
A Saigon, Clovis se lie avec la jolie Linh, ancienne maîtresse de Thomas, qui lui présente quelqu'un originaire d'un village rasé par Sastre et ses hommes. Trân Vinh Giang ne se souvient plus des visages mais seulement des chiens. Ne cherchez pas "des vérités simples où il n'y a que de l'horreur et de la confusion", >prévient le vieux Vietnamien. Roland Sastre avait voulu sauver le village qu'il contrôlait des imminents bombardements de napalm, il avait prévenu les villageois. Cette nuit de printemps 1953, ceux qui étaient aptes au combat étaient partis, ne restaient que les femmes et les enfants. Tous furent égorgés, même les chiens. Le lendemain, le ciel demeura bleu.