Essai/France 26 août Paolo Rumiz

Le confinement de plus de trois milliards d'individus n'est pas une expérience exceptionnelle. En revanche, il peut être intéressant de voir comment elle a été vécue par un grand écrivain voyageur soudainement assigné à résidence, en l'occurrence dans un vaste appartement avec terrasse sur les hauteurs de Trieste. Avec son style qui mêle savoirs et sensibilités Paolo Rumiz avait confié pour partie ce journal à La Repubblica. À 72 ans, cet homme qui n'aime rien tant que de fouler les chemins du monde finit par considérer durant ces longues semaines sa porte comme une frontière et sa cave comme un lieu insoupçonné de découverte. Surtout, l'auteur d'Appia (Arthaud, 2019) observe la peur surgir comme un ressac à l'annonce du nombre de morts, le temps qui se décompose, les émotions qui surgissent, les sorties contrôlées comme en temps de guerre et enfin la furieuse envie de repartir. Certes ce « cahier de non voyage » pourrait irriter ceux qui ont vécu la même chose dans un lieu exigu, n'ayant vue que sur leur misère. Mais la justesse de ton et le regard porté sur ce monde redevenu grand balaient bien vite les inquiétudes. Car Paolo Rumiz sait transformer son travail de bénédictin en une élégante traversée de lui-même. Laurent Lemire

Paolo Rumiz
On dirait que l’aube n’arrive jamais - Traduit de l'italien par Beatrice Vierne
Arthaud
Tirage: 8 000 ex.
Prix: 13 euros ; 208 p.
ISBN: 9782081519602

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