17 janvier > BD France > Aurélia Aurita et Benoit Peeters

On connaît le Benoît Peeters scénariste de bandes dessinées, notamment de la série des Cités obscures, dessinée par François Schuiten. On connaît le philosophe et critique, élève de Barthes, spécialiste d’Hergé et de Derrida. Il s’est aussi essayé au roman et a signé plusieurs réalisations audiovisuelles. Mais on sait moins que le conseiller éditorial chez Casterman et directeur de la maison d’édition indépendante Les Impressions nouvelles s’est d’abord pris de passion pour la cuisine, au point de renoncer à préparer le concours de Normale sup pour s’essayer au métier de cuisinier à domicile.

C’est cette partie, cet aspect de sa vie que Benoît Peeters raconte dans Comme un chef, finement épaulé au dessin par Aurélia Aurita. On peut y voir un clin d’œil à Jirô Taniguchi, décédé en février 2017 et qu’il a contribué à éditer en France. Le gourmet solitaire (avec Masayuki Kusumi au scénario, Casterman, 2005), dans lequel le grand auteur japonais manifeste sa passion pour la table à travers des saynètes reconstituant des repas dans des dizaines de restaurants, de la gargote à l’établissement gastronomique, reste un must de son œuvre. Mais si Benoît Peeters, élevé dans un foyer qui ne brillait pas par la qualité de sa cuisine, évoque, comme Jirô Taniguchi, ses premières émotions gustatives chez les frères Troisgros, à Roanne, au Vivarois de Claude Peyrot, à Paris, ou plus tard chez El Bulli, le restaurant de Ferran Adria à Roses (Catalogne), il se met surtout lui-même aux fourneaux.

Cette volonté, cet entêtement à cuisiner pour le meilleur en dépit des multiples autres centres d’intérêt de l’auteur, à commencer par la littérature, et malgré le scepticisme de son entourage, fait tout l’intérêt d’un livre plein d’humour. Il faut voir Benoît Peeters recevoir Roland Barthes chez lui autour d’un navarin d’agneau et d’une soupe de pêches à la menthe, cuisiner pour les amis de ses parents en rêvant - on ne se refait pas - d’une sorte d’"Oulipo de la cuisine", ou chercher des bécasses - interdites à la vente - chez son volailler de Bruxelles. "Tu cuisines comme un chef", lui lance un taximan de ses hôtes. Quand est-ce qu’on goûte ? Fabrice Piault

Les dernières
actualités