Bilan

Ce fut un très bel été pour les librairies. Les 25 professionnels interrogés par Livres Hebdo ont pu se réjouir d’une augmentation de leur chiffre d’affaires et pour certains, d’une augmentation de leur fréquentation. Certains rayons, comme la bande dessinée, les poches, la littérature ou la jeunesse ou encore le pratique avec Cyril Lignac et ses recettes semblent avoir fédéré les lecteurs.

Au Furet du Nord-Decitre, si la fréquentation a globalement "été moindre, le panier moyen des clients est en très nette augmentation" affirme Nathalie Deleval, cheffe de de produit en librairie, qui précise que les mois de juin et de juillet "ont même été excellents". Selon elle, les clients ont d’abord franchi les portes des libraires à la recherche de "lectures plaisir". Prévus aux offices dès le déconfinement, les best-sellers annuels ont largement participé à ce succès. "L’énigme de la chambre 622 de Joël Dicker (De Fallois), Il était deux fois de Franck Thilliez (Fleuve) et La vie est un roman de Guillaume Musso (Calmann-Lévy) ont "explosé les plafonds de vente" confirme la libraire.

Du côté de la librairie Mollat (Bordeaux) la directrice Emmanuelle Robillard confirme une augmentation de son chiffre d’affaires sur toute la saison estivale. La responsable assure avoir enregistré une hausse de 22,48 % en juillet et de 4,89 % en août. La tendance se confirme chez Ombres Blanches à Toulouse, chez Dialogues à Brest, qui observe "une nette augmentation sur les mois de juin et de juillet" et à la librairie Passages à Lyon, qui estime la hausse de ses ventes à 4%. Cependant, si les mois de juin et de juillet ont été dans l’ensemble très positifs, le mois d’août a été moins bon pour certaines autres enseignes, comme la librairie parisienne L’Arbre à lettres, Kleber (Strasbourg) ou encore à Masséna (Nice) qui voit son chiffre d’affaires baisser de 8% ce mois-ci. La baisse des ventes se justifie à la librairie parisienne par la réduction de l’amplitude horaire de la boutique et à Nice par la diminution du tourisme, notamment international. Pour la librairie Massena, "les essais n'ont pas bien fonctionné, tout comme les beaux-livres dont la vente a chuté de 20% par rapport aux chiffres de 2019".

La cruelle absence des touristes étrangers

L'absence des touristes étrangers dans les grandes villes de France s’est fait ressentir à Paris mais aussi, dans une moindre mesure, à Marseille. Si l'historique librairie Maupetit, située sur La Canebière, enregistre une hausse de 25% avec un chiffre d’affaires estimé à 216148 euros en juillet et de 12% en août (195396 euros), son antenne du Mucem, déplore une chute des ventes, justifié par une réouverture tardive et une exposition majeure qui n’a pas pu avoir lieu. Au BHV Rivoli à Paris, vide de touristes, "on enregistre une baisse de chiffre d’affaires de 13% en juillet et de 10% en août, qui souligne que "les BD, les bouquins et cahiers de vacances" ont malgré tout bien fonctionné.

Les ventes de librairie d’Actes Sud, située à Arles ont été impactées par l’annulation des Rencontres de la photographie 2020 de la manifestation. "Cet évènement nous ramène d’habitude beaucoup de monde. Son annulation a entraîné une baisse de la fréquentation de 20%. Cela s’est ressenti dans les ventes avec une chute des ventes en beaux-arts, estimée à 80%. Au total, l'activité a connu une baisse globale de 25%" explique une des libraires.

L'impact aoûtien de l'annulation des manifestations

Même constat dans des villes touristiques où les événements culturels ont été annulés. Le mois d’août a été décevant. A la librairie Les Oiseaux livres, située à Saint Yrieix-la-Perche, la responsable Amandine Barascut estime que le sursaut d’activité, connu après le déconfinement, a continué cet été malgré un léger recul des ventes en caisse. "Le mois d’août a été inconstant par rapport à août 2019. Plusieurs évènements, dont les deux festivals auxquels on devait participer et une grosse journée de signature avec 4 auteurs BD en 2019, n’ont pas été reproduits cet été, ce qui entraîne inévitablement une baisse du chiffre  à -18%". La tendance est similaire pour la libraire Livres en tête à Sallanches, qui après un mois de juin "incroyable" et une hausse de 40% en un an du chiffre d'affaires en juillet, voit ses ventes baisser en août à la suite de l’annulation d’un salon du livre montagnard.

Cependant, la tendance reste largement positive, sans doute grâce à une forte hausse des touristes français dans les régions. Dans les Landes, région plébiscitée par les vacanciers en quête de calme et dont les premiers chiffres du tourisme ont été encourageants, la librairie Le vent délire, située à Capbreton, observe une nette hausse de sa fréquentation, estimée à 40% et une nette hausse des ventes, à 30%. Dans le Gard, où tous les campings ont affiché complet, la librairie Catygor (Aigues-Mortes) se félicite d’avoir "bien travaillé", avec des ventes en nette hausse. Même constat à la Fontaine Lubéron à Apt, qui annonce une hausse de 40% du chiffre d’affaires en juillet et de 15% en août, tout comme à Saint-Jean-de-Luz  au Pays Basque, où les ventes ont connu la même augmentation. Dans la librairie Albertine à Concarneau, qui a ouvert en 2019, le chiffre d’affaires est en croissance de 63% sur les mois de juillet et août. La peur d’un reconfinement a également attiré les clients dans la librairie L’encre bleue à Granville entre le mois de mai et cet été, notamment grâce au format poche.

"L’été s’est super bien passé" comme le souligne la librairie Des livres et des hommes à Beaune (+ 43%). "La nouveauté cette année, c’est la demande la plus importante de manuels scolaires en raison de la réforme des lycées". Comme beaucoup de libraires, Audrey Neveu, de la librairie Les 2 Georges à Bondy, "a vécu un super déconfinement". "Le mois de juillet a été incroyable, notre chiffre d’affaires est en hausse de 40%. On a doublé nos chiffres en juin et en juillet par rapport à l’année dernière". Parmi les livres qui se sont le mieux vendus dans cette librairie généraliste de Seine-Saint)Denis, , on retrouve le thriller de Joël Dicker, La Peste d'Albert Camus (Gallimard) , Le maire et les barbares d’Eve Szeftel (Albin Michel), Banlieue naufragée de Didier Daeninckx et La daronne d’Hannelore Cayre (Métailié) dont l’adaptation cinématographique sort le 9 septembre.


 

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