La carte des librairies lyonnaise est déjà dense. Pourquoi avoir choisi d’y ouvrir une nouvelle structure ?
Je suis arrivé à Lyon il y a quatre ans. Rapidement, j’ai réfléchi à créer ou reprendre une librairie. C’est un métier que je connais bien : mon parcours professionnel a débuté en 1998 chez Camponovo à Besançon et à la librairie Rousseau à Pontarlier. J’en suis parti parce qu’on m’a alors proposé d’intégrer l’équipe de Folio policier, mais c’est une activité qui m’a toujours beaucoup plu et que je n’ai jamais perdue de vue pendant mes treize années passées dans l’édition.
Votre choix s’est porté sur le 9e arrondissement. Pour quelle raison ?
Une fois l’idée de la librairie en tête, j’ai sillonné la ville en tous sens et j’ai beaucoup discuté avec les libraires. Je suis aussi retourné travailler chez eux pour voir si je faisais l’affaire. Et peu à peu, le 9e arrondissement s’est imposé. Cette partie de la ville est en profonde mutation et son développement s’accélère. Chaque année, elle gagne un millier d’habitants. Des entreprises s’y installent et un brassage de population est en train de s’opérer. On y trouve en outre de nombreux commerces de proximité. Les gens des communes proches viennent y faire leur course. J’ai vu le trou dans la carte et je m’y suis engouffré d’autant qu’il n’y avait jamais eu de librairie dans ce quartier, à proximité de la gare de Vaise.
Parlez-nous de votre librairie, Les mangeurs d’étoiles ?
Même si je lui ai donné une forte orientation littéraire, tous genres confondus, jeunesse et sciences humaines, c’est avant tout une librairie de quartier. Je me dois donc de répondre à l’ensemble des demandes et de proposer des ouvrages qui font repère pour les clients. Mais je tiens aussi compte de la concurrence. La Maison de la presse voisine travaille bien le régionalisme et les cartes Michelin. J’ai donc fait l’impasse sur ces sujets et je vais être plus léger sur les grosses ventes. De la même façon, je ne ferai pas de mangas puisqu’à quelques rues de là, il y a la librairie 9e Bulle, spécialisée en BD.
Vous avez levé le rideau le 27 juin. Quel accueil vous ont réservé les habitants du quartier ?
Pour le moment, le quartier répond de manière exceptionnelle. Je reçois beaucoup de monde et les gens achètent. Mon panier moyen oscille entre 24 et 25 euros. La bonne surprise vient de la nature des demandes : elles sont variées et souvent exigeantes. J’ai donc dû déjà réévaluer mon fonds en sciences humaines et je suis en train de gonfler mon stock d’implantation. Par prudence, je l’avais limité à 7000 références, mais il atteindra rapidement les 9500 titres. Je suis bien conscient que je bénéficie d’un soutien considérable des gens en raison du Covid, qui a retardé l’ouverture initialement prévue fin mars. Mais je constate aussi que la présence d’une librairie apporte une sorte de reconnaissance sociale au quartier. C’est un commerce dont les habitants sont fiers, et ça, c’est assez incroyable.