Ouvert par une polémique sur la censure de 400 ouvrages religieux islamistes par les autorités algériennes, le 16e Salon international du livre d'Alger (Sila) confirme la manne que constitue en Algérie, pour les éditeurs arabes, le livre religieux. Celui-ci est loin de décliner. Les éditeurs spécialisés sont surreprésentés à la manifestation organisée du 21 septembre au 1er octobre avec plus de 500 éditeurs, dont 145 algériens et 82 égyptiens, et le Liban à l'honneur.
Une large place est cependant faite aux livres pour enfants et au para-scolaire, avec notamment pour la première fois un stand de 450 m2 de la filiale locale d'Hachette. Et dans l'immense complexe sportif Mohamed-Boudiaf, les éditeurs littéraires indépendants se félicitent de l'affluence, due à l'hétérogénéité des maisons d'édition présentes qui favorise la participation du grand public.
Ils en ont bien besoin. La domination du marché par les trois grands éditeurs publics, OPU, ENAG et ANEP, les oblige à faire preuve d'imagination. "Nous tentons de maintenir une équation entre les projets produits grâce aux aides de l'Etat et ceux réalisés en indépendant, explique Sofiane Hadjadj, cofondateur de l'excellente maison Barzakh, qui participe depuis douze ans au Sila. Nous avons un lectorat à l'intérieur du pays, mais le réseau de librairies est déstructuré. Nous travaillons avec une petite cinquantaine de librairies seulement. Pour toucher nos lecteurs, nous organisons des rencontres dans des universités, cafés et associations."
Protéger la production locale
La loi Crédoc (Crédit-documentaire), votée en 2009 pour favoriser la production locale en imposant un mode unique de règlement des importations, a par ailleurs nui aux importations de livres, devenues très coûteuses. "L'Algérie est l'un des rares pays de la région à appliquer au livre 5 % de taxes douanières et 7 % de TVA, déplore Fatiha Sohal, fondatrice de la librairie Kalimat (Alger) et présidente de l'Association des libraires. Ce n'est le cas ni au Maroc ni en Tunisie. Les ventes de livres francophones ont beaucoup baissé depuis. » Alors que le smic algérien est à 15 000 dinars, un livre de poche importé en coûte 1 000 en moyenne. Si la loi fait le jeu d'une nouvelle caste d'importateurs, elle a plombé les plus petits, dont beaucoup ont disparu, et constitue une nouvelle épreuve pour les libraires, déjà privés du marché des universités et des bibliothèques, attribué par appels d'offres aux figures de proue de l'édition publique.