Mutualisation
Devant une cinquantaine de participants, les intervenants ont évoqué différentes pistes d’amélioration, à commencer par la mutualisation. Le forum a ainsi confronté la vision de deux réseaux: celui non mutualisé des librairies jeunesse organisées autour de l'association Sorcières, et celui mutualisé des librairies BD, fédérées en groupement coopératif (GLBD), avec une mise en commun d'outils, services et opérations commerciales.
Pointant "les limites d'action d'une association", Marc Szyjowicz a valorisé "le commerce coopératif comme une des clés de dynamisation du métier. Ce n'est pas forcément facile de regrouper et de motiver les libraires mais mettre en commun nos moyens est une stratégie gagnante".
Saluant le rôle du réseau Canal BD, à la fois comme découvreur de talents et vendeur de son catalogue, Frédéric Lavabre a regretté l’absence de relations avec l’association Sorcières dans un contexte de fragilisation des librairies jeunesse.
Liens perdus
"Quand l’association a été créée dans les années 80, il y avait des relations commerciales avec les éditeurs, mais, avec l’explosion de la production, ces liens ont été perdus", a argumenté Laurence Tutello, ex-présidente et ex-adhérente Sorcières.
Fort d'un regard neuf sur la situation, Grégory Sapojnikoff, venu de l'univers du cinéma, s'est dit "étonné par le niveau incroyable de mutualisation dans le secteur de la librairie. On partage énormément d’informations, ce qui, in fine, est très bénéfique pour les clients".
Soulignant "la stabilité des prix des livres jeunesse depuis quinze ans, contrairement à ceux des BD", Frédéric Lavabre a appelé les librairies spécialisées jeunesse non seulement à se mutualiser mais aussi à ouvrir leur magasin à d’autres rayons, à commencer par la BD, voire d’autres produits. Une façon de dynamiser leurs ventes mais aussi de retenir une clientèle qui a vocation à s’échapper à mesure qu’elle grandit.
Diversification et animation
Regrettant l'absence de grosses locomotives comme il y en a en BD, Laurence Tutello a pointé l'importance de faire vivre le fonds et d'animer de manière innovante son magasin. Des propos étayés par le témoignage de la libraire suisse Véronique de Sépibus (La Librerit à Genève). Interpellé par Nathalie Brisac (L'Ecole des loisirs) sur sa vision de l'avenir, Grégory Sapojnikoff a lui aussi souligné l'importance de l'expérience magasin et estime, en ce sens, avoir une carte à jouer face à des circuits de distribution plus anonymes.
Toutefois, les échanges avec la salle ont aussi fait apparaître des éléments d'inquiétude, parmi lesquels le développement des ventes de livres d'occasion évoqué par David Dermigny (Gallimard) ou encore les hausses de loyers en centre-ville. Des sujets qui dépassent le cadre de la jeunesse et de la BD et concernent l'ensemble des librairies.