Il manquait à la France un institut fédérateur de toutes les recherches sur l’Amérique. Aujourd’hui encore, les travaux universitaires concernant ce continent apparaissent dispersés dans de nombreuses disciplines. C’est pour pallier cet éparpillement que les chercheurs proposent de se rassembler en un Groupement d’Intérêt scientifique « Institut des Amériques », à partir de l’élargissement de l’actuel « GIS Amérique latine », réseau qui s’est fixé la mission de faciliter l’accès aux sources de documentation latino-américanistes et de promouvoir des programmes de recherche pluridisciplinaires.
Porté par la même ambition, l’Institut des Amériques franchit un nouveau cap. Avec un investissement, via le plan Etat-région, à hauteur de 9 millions d’euros, le ministre de l’Education Gilles de Robien lui promet « une visibilité suffisante sur le plan international », a-t-il déclaré lors de l’annonce du lancement, le lundi 5 mars, à l’Institut de France. Cette « tête de réseau implantée à Paris » veut permettre l’établissement d’enseignements communs entre les universités partenaires. Près de 20 établissements, l’Université de la Sorbonne Nouvelle en tête, s’associent au programme.
Regards croisés sur un continent multiple
Point crucial du projet : l’édifice accueillera une grande-bibliothèque médiathèque, exceptionnelle en France. L’intégralité des ouvrages appartenant à l’actuel Institut des Hautes Etudes d’Amérique Latine (IHEAL) sera transférée dans l’aire Jussieu-Tolbiac, soit 150 000 livres et près de 800 revues vivantes. De nombreuses donations sont aussi annoncées. Georges Couffignal, directeur de l’IHEAL, attend notamment 80 000 volumes canadiens et parle d’un « apport important des Etats-Unis ». « Le CNRS devrait par ailleurs intervenir pour l’abonnement aux banques de données nord-américaines », poursuit le professeur, fortement impliqué dans le dossier. Un même lieu pour différents regards donc, grâce à la collecte de recherches en provenance d’Europe comme des Amériques. Au total, des milliers d’ouvrages en langue anglaise, espagnole, portugaise et française seront consultables dans le nouvel institut.
Si l’emplacement exact n’a pas encore été défini, des candidats au poste de conservateur se sont déjà manifestés. La nomination est attendue courant avril.