Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

Photo PHOTO OLIVIER DION

Après un hiver déprimé, le marché du livre a touché le fond en avril. A - 9 %, d’après nos données Livres Hebdo/I+C, les ventes au détail ont subi de plein fouet les effets d’une élection présidentielle inédite, qui a vu les lecteurs plus que jamais concentrés sur les médias plutôt que sur les livres. Et le reflux a été amplifié par l’effet calendaire, puisque avril 2017 comptait deux jours de semaine de moins qu’avril 2016 - en données corrigées des jours ouvrables, la baisse n’est "que" de 1,5 %.

Le commerce dans son ensemble se contente, lui, de stagner, faisant ressortir la contre-performance et illustrant la singularité du marché du livre, dont l’évolution ne tient pas uniquement à celle de la conjoncture économique. Assis pour l’essentiel sur l’offre et peu sur la demande, l’essor de l’édition peut être accéléré ou contrarié par de multiples facteurs, souvent imprévisibles.

Le retour quasi simultané en librairie de Fred Vargas et d’Anna Gavalda, qui caracolent en tête des meilleures ventes, peut laisser espérer du mieux pour la fin du printemps. Dans le même temps, notre dossier de la semaine montre que les éditeurs préparent l’été en cherchant moins à inventer d’hypothétiques "livres de l’été", qui sont rarement ceux qu’on croit ou qu’on espère, qu’à transformer en "lectures d’été" des titres qui ont déjà su séduire une part du lectorat, ou qu’ils considèrent comme n’ayant pas bénéficié ces derniers mois de toute la visibilité qu’ils méritaient. Campagne électorale oblige, un certain nombre de ces livres dessinent tout un champ à labourer pendant les semaines qui viennent.

L’édition a beau s’être armée d’un arsenal d’outils marketing, commerciaux et logistiques, elle reste pour une large part un métier d’artisans, qui doivent autant provoquer la conjoncture que s’y adapter. Ce caractère artisanal explique d’ailleurs qu’un nombre important d’entreprises d’édition, et non des moindres, anciennes ou récentes, soient des affaires de couples. A deux, c’est mieux ? En cherchant à répondre à cette question, Livres Hebdo paraît s’aventurer sur le terrain de son confrère Nous Deux. Mais il témoigne surtout de l’engagement personnel qu’implique le métier d’éditeur, faisant apparaître différentes manières de l’appréhender.

02.06 2017

Les dernières
actualités