Plus ses livres sont traduits, plus Vita Sackville-West s'impose par sa finesse et son sens de l'observation. Elle a longtemps été cantonnée à son amour pour Virginia Woolf - qui a inspiré Vita & Virginia, un film avec Isabella Rossellini -, mais ce serait sous-estimer son indépendance. L'héritier désigne Peregrine Chase, un homme endetté, se contentant de sa morne existence. Sa chance ? Etre l'unique descendant d'une vieille tante qui lui lègue un domaine campagnard. Un cadeau empoisonné que ce "manoir élisabéthain infesté de paons. Blackboys n'était pour lui qu'un nom." Il va bientôt devenir une révélation. « La maison semblait dormir au cœur même de toute cette paix. Grave, incrustée de tradition, gravée par la légende, généreuse et maternelle », elle invite Chase à se glisser parmi sa faune, sa flore et ses habitants sécurisants. « Tel un enfant égaré dans le royaume des délices, il était stupéfié par les enchantements du soleil et de l'ombre. » Quel contraste avec la société, soporifique et hypocrite, dans laquelle il évolue. « La maison était l'âme ; les terres étaient l'Angleterre, saxonnes autant qu'on peut l'être. »