Déjà auteure d’un portrait de Tennessee Williams (Balland, 1992), Félicie Dubois se penche cette fois sur l’une de ses grandes amies. Jane Auer Bowles (1917-1973) a laissé un roman, Deux dames sérieuses, un recueil de nouvelles, Plaisirs paisibles, et une pièce de théâtre, Sa maison d’été. Félicie Dubois a voulu raconter l’écrivain et la femme "dans un élan de complicité non dissimulée".
L’occasion de retrouver une jeune fille de 17 ans qui lit le Voyage au bout de la nuit de Céline alors qu’elle se rend du Havre à New York. Et qui croise Louis-Ferdinand, aussi passager du paquebot Champlain. La brunette à la nature "radicale, irréductible" possède un sacré caractère. Elle est la fille unique d’une mère qui l’a élevée comme une princesse et d’un père mort quand elle avait 13 ans. Elle boite à jamais depuis un accident de cheval. Prise la bohème et l’ivresse.
Chez l’écrivain E.E. Cummings, elle fait une rencontre qui va changer son existence. Celle de Paul Bowles. Son cher "Bupple". Un musicien et poète qu’elle accompagne au Mexique, qu’elle épouse à Manhattan et qu’elle suit à Tanger. De longue date, Jane sait qu’elle veut écrire. Elle va le faire. Sans connaître le succès massif qui sera celui, des années plus tard, de Paul quand il prendra à son tour la plume et deviendra célèbre avec Un thé au Sahara.
Revoici éclairée une femme hors du commun qui a tapé les manuscrits de W. H. Auden, pratiqué dans ses livres le "comique du regard". Une Jane Bowles qui n’a jamais cessé de se chamailler avec son mari, a multiplié les amantes (Helvetia, Cory, Libby ou Cherifa) en restant jusqu’à son dernier souffle une rebelle incapable de renoncer à quoi que ce soit. Al. F.