«Où se trouve-t-on quand on lit?» Une question cruciale que celle de l'espace-temps de la lecture. Abraham Poincheval a choisi d'y répondre par une méthode expérimentale.

Depuis le jeudi 20 septembre, il lit dans une capsule de 62 cm de diamètre sur 1,70 m de profondeur. Il tient donc à peine debout et peut tout juste s'asseoir les jambes repliées.

Au-dessus de lui, une pierre d'une tonne, puis la véranda de la librairie-galerie d'art marseillaise Histoire de l'oeil, qui organise chaque automne ce concours consacré à une oeuvre réalisée in situ. Le nom de l'opération? « 604800s», soit le nombre de secondes de l'opération.

«Son moral va bien, nous a expliqué lundi Nadia Champesme, la libraire. Il est fatigué et a du mal à dormir, mais il fait des exercices pour que son corps suive. Il active de temps en temps la caméra, et on peut le voir en train de manger ou de dormir.» Des visiteurs viennent regarder la vidéo ou lui parler à travers une aération.

Eau, lampe et livres

Il n'est pas descendu seul: si de l'eau, des aliments lyophilisés, une lampe frontale et une caméra lui sont utiles, quelques livres lui donnent sa vraie raison de s'enterrer là. Parmi eux, ces ouvrages aux titres évocateurs: Les saisons de la nuit de Colum McCann, La ballade de l'impossible de Haruki Murakami et Les jardins statuaires de Jacques Abeille.

Ce n'est pas la première fois que le plasticien, âgé de 40 ans et habitant Marseille, expérimente d'originales performances. Ainsi en 2002, il a marché de Nantes à Caen puis de Caen à Metz en deux lignes droites, sans carte et à l'aide d'une seule boussole, franchissant les obstacles de sa route. D'autres façons d'envisager l'espace et le temps.