En cette Journée de la femme, on s’en voudrait de jouer les idiotes, les têtes de linotte, les réfractaires à toute dimension techno. Pourtant, c’est avec un certain plaisir qu’on a découvert les conclusions de l’enquête sur les Pratiques de lecture et d’achat de livres numériques menée par le Motif, que nous présentons dans ce numéro. Elles montrent clairement que si la lecture et l’achat de livres numériques peinent à s’imposer, c’est tout simplement parce que c’est trop compliqué. De quoi rasséréner tous ceux qui se sentent mis sur la touche par le manque de fluidité de cet univers.
Pourtant, le seul public concerné aujourd’hui est composé de gros lecteurs (qui lisent plus de six livres par mois) également passionnés par les nouvelles technologies. Or, même ce public très motivé, souvent suréquipé (liseuse et tablette et smartphone), trouve que les procédures d’usages restent particulièrement complexes. Outre le prix jugé trop élevé par 84 % des personnes interrogées, la présence de DRM, l’absence de certains formats (ePub en particulier) et le nombre d’opérations à effectuer sont en effet cités parmi les principaux freins à l’achat et à l’utilisation de livres numériques.
Reste que, dans l’échantillon du Motif, parmi ces « adopteurs précoces », comme les appellent les sociologues, les femmes sont majoritaires (52 %). La femme serait-elle l’avenir du livre numérique ? On peut le parier.
Majoritaires parmi les consommateurs de livres, les femmes le sont aussi et largement dans les métiers de l’édition, où elles constituent 72 % des effectifs. Et, comme ailleurs, elles sont toujours plus mal payées que les hommes. Juste avant cette journée du 8 mars, le Syndicat national de l’édition a rendu public un accord sur l’égalité professionnelle hommes-femmes qui devrait rectifier les choses. Il aura fallu deux ans de discussions, mais c’est fait. Dommage que cet accord ne concerne que les entreprises de plus de 50 salariés.
Il est en tout cas un domaine que les femmes et leur formidable appétit de lecture sont en train de revivifier, comme en témoigne le dossier de ce numéro : la littérature érotique. Décomplexées par E. L. James et ses Cinquante nuances de Grey, elles se jettent sur ses clones et revisitent les classiques du genre. C’est vrai que là, ce n’est pas trop compliqué.