Essai/France 12 septembre Frédéric Joly

Victor Klemperer, universitaire de Dresde - il vécut le bombardement de 1945 -, spécialiste de la littérature française du XVIIIe siècle, resta dans l'Allemagne nazie bien que juif, parce qu'il avait épousé une protestante. Durant des années, il subit de nombreuses vexations, y compris la prison, et écrivit en secret un livre essentiel, Lingua Tertii Imperri : la langue du Troisième Reich que l'on abrège par LTI, pour comprendre comment les nazis dénaturaient le langage afin d'imposer leur dictature.

Frédéric Joly, écrivain, traducteur et éditeur - il dirigea les éditions Climats -, entreprend cet essai en rappelant la vie de Klemplerer, en expliquant l'importance de son œuvre et en montrant en quoi son décryptage orwellien de la « novlangue » nazie nous est encore utile.

Joly nous rappelle combien il est essentiel de tenir sa langue pour préserver sa vérité. Klemperer avait tenu la sienne en ne parlant pas durant le nazisme puis dans l'ex-RDA, mais surtout il l'a tenue à bout de bras pour éviter qu'elle ne s'effondre sous les coups de boutoir des idéologues. Aujourd'hui, cette attitude morale s'impose toujours si l'on veut que la langue soit à la fois le trésor de chacun et l'héritage de tous.

Frédéric Joly
La langue confisquée
Premier Parallèle
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 19 euros ; 284 p.
ISBN: 9782850610073

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