Tahar Ben Jelloun attaque Michel Houellebecq dans “La Repubblica”

Tahar Ben Jelloun attaque Michel Houellebecq dans “La Repubblica”

Dans une tribune du quotidien italien, le juré Goncourt démolit minutieusement La carte et le territoire.

Par Claude Combet
avec cc Créé le 24.01.2014 à 19h17

Je ne sais pas si Teresa Cremisi, directrice des éditions Flammarion en France, aime la littérature ; ce qui est certain, c'est qu'elle a le sens du marketing. Elle s'occupe du lancement du dernier livre de Michel Houellebecq avec maestria” : ainsi commence la tribune consacrée au nouveau roman de Michel Houellebecq que Tahar Ben Jelloun, membre de l'académie Goncourt, a publié le 19 août dans le quotidien italien La Repubblica, alors même que La carte et le territoire ne doit paraître en italien que début octobre chez Bompiani.

Dans sa vindicte, l'auteur de La nuit sacrée, qui a récemment quitté le Seuil pour Gallimard, prête même dix romans à Michel Houellebecq alors qu'il n'en a que cinq à son actif: La carte et le territoire est le dixième roman de cet auteur qui joue au personnage mystérieux et gère sa carrière avec brio s'assurant une couverture médiatique qui le projette systématiquement au sommet des meilleures ventes”, écrit-il.

Tout en reconnaissant qu'il n'aurait pas lu ces 427 pages s'il n'y avait pas été obligé par sa position de juré Goncourt, il se livre à une minutieuse descente en flammes du livre.

Agacé par l'introduction de personnages réels - dont Michel Houellebecq lui-même - dans la fiction, il avoue ne pas comprendre la finalité du livre et être peu sensible à la vision du monde de l'auteur des Particules élémentaires.

“Personnellement, peu m'importe ce que pense Houellebecq des empires industriels, de l'architecture moderne ou de la peinture, d'autant plus qu'il fait un discours odieux et délirant sur Picasso”, écrit-il, soulignant les tics d'écriture d'un romancier qu'il juge mégalomane, tout en admettant “que le chapitre sur l'euthanasie du père dans une clinique de Zurich est remarquable”.

“Qu'offre de nouveau ce roman ? Quelques bavardages sur la condition humaine, une écriture affectée qui prétend à l'épure, une fiction qui convoque des personnages réels et les mélange à d'autres inventés, un peu de publicité pour des produits de consommation et enfin l'ultime message d'un écrivain qui se croit au-dessus du lot et des règles, éternellement maudit et incompris, et surtout quelqu'un qui n'aime ni la vie ni les voies du bonheur”, conclut-il.

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