avant- portrait

En 2011, Sylvain Coher, après avoir publié quelques livres confidentiels - que, sans les renier, il ne met plus dans sa bibliographie -, a éprouvé le sentiment d’être "sorti d’un long tunnel". C’est l’année où paraît Carénage, son premier titre chez Actes Sud. "Une histoire de motos et de motards alors que je ne suis pas motard", explique-t-il, et dont la phrase, "écrite en 3D", voulait donner au lecteur une "sensation de la vitesse". Quatre ans plus tard, dans Nord nord ouest (prix du Roman Ouest-France-Etonnants voyageurs 2015), il récidivera, tentant cette fois, dans un texte qui "ondule", de nous donner le mal de mer.

Breton de cœur

Quoique né en banlieue parisienne, Coher est breton de cœur, et marin. Ses arrière-grand-père et grand-père étaient marins, il a été moniteur de voile. Et, avec les 10 000 euros de son prix, il s’est acheté "un Dufour 3800 d’occasion, un 9,60 m, basé à Pornic", avec lequel il compte bientôt prendre la mer, cap sur l’Islande. Lauréat aussi du prix Encre marine de la Marine nationale, il aimerait partager désormais sa vie entre la navigation et l’écriture. Il y en a, les Loti, Monfreid et autres, à qui cela a plutôt bien réussi.

Reconnaissant "des liens thématiques entre tous [ses] livres", Sylvain Coher revendique sa logique et son éclectisme, son goût pour l’expérimental, à condition que cela reste ludique. D’où ses Trois cantates policières qui paraissent à présent. Un projet qui remonte, justement, à 2011. C’est Roland Hayrabédian, chef de l’ensemble Musicotreize, à Marseille, qui l’a contacté, à la recherche d’un auteur de romans policiers. "Ce que je ne suis pas", s’amuse-t-il. "Mais j’avais déjà travaillé avec un musicien, lorsque j’étais en résidence à la villa Médicis, à Rome, et j’avais déjà écrit Les effacés, un roman commandé par un théâtre." Coher, qui adore "entrer dans un univers et en sortir", a donc accepté avec bonheur ce vrai casse-tête : écrire trois cantates de 1 heure 15 au maximum chacune, policières, indépendantes, mais avec une trame commune. Le triptyque sera mis en musique par trois compositeurs de générations et de styles différents.

Le romancier devenu librettiste de ces "opéras de poche" a imaginé spontanément une histoire de vengeance à rebours, avec trois femmes, la fille, la mère, la grand-mère, empoisonnant trois hommes, fils, père et grand-père d’une même famille. Chaque cantate porte "le joli nom d’une plante commune", mais redoutable : "La digitale", "La douce-amère", "La dame-d’onze-heures". L’ensemble sera créé à La Criée, à Marseille. L’auteur découvrira le spectacle "en tant que spectateur". Puis, il devrait prendre la mer, pour travailler à son prochain roman.

On n’en saura pas le thème, "à cause d’Echenoz". A Rome, Coher avait écrit un roman sur un marathonien, mais Jean Echenoz l’a doublé avec Courir. Son manuscrit dort dans un tiroir. Pour l’instant.

Jean-Claude Perrier

Sylvain Coher, Trois cantates policières, Actes Sud, Prix : 16,50 euros, 96 p., Sortie : 4 novembre, ISBN : 978-2-330-05670-4

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