C’est une question de survie pour la profession de libraire. Lors des prochaines Rencontres Nationales de la Librairies (RNL), prévues à Strasbourg les 16 et 17 juin prochains, l’organisateur, le Syndicat de la librairie française, va chercher des pistes afin d’améliorer les marges des détaillants de livres.
Lors d’une conférence de presse à l’hôtel de Massa, siège de l'organisation qui fête par ailleurs ses 25 ans, a été dévoilé le programme des deux jours, durant lesquels plusieurs études conjoncturelles sur l’état de la libraire en France seront présentées.
Dynamisme et coûts de personnel importants
Et les voyants ne sont pas tous au vert. S’il y a un dynamisme de création de librairies en France, avec près de 600 nouvelles installations entre 1999 et 2023, dont plus de la moitié dans des cités de moins de 20 000 habitants, la marge de l’ensemble des 3 500 librairies est en moyenne autour de 1%. « C’est la marge la plus faible enregistrée par un secteur de vente au détail en France, à égalité avec les fleuristes indépendants », illustre Amanda Spiegel, présidente de la Commission sociale du SLF.
« La moindre aide prend des proportions exceptionnelles »
Si la situation devait rester similaire, Anne Martelle, la présidente du SLF estime « qu’à chiffre d’affaires constant, les librairies se trouveraient déficitaires quelle que soit leur taille » dans les cinq ans. Selon cette dernière, les enseignes indépendantes, qui ont des frais de personnels plus élevés que les autres structures, « en moyenne 18 à 20% du chiffre d’affaires », des coûts de transport qui ont augmenté de 13% et d’énergie jusqu’à 150%, « ont déjà réalisé tous les efforts possibles en interne ». Elle en appelle donc aux autres acteurs de la chaîne. « Pour nous, la moindre aide prend des proportions exceptionnelles », martèle-t-elle. Il faut en parallèle « générer 5 à 8% d’activité en plus », selon la taille de la structure, pour éviter dès l’an prochain le déficit. Et il ne faut pas compter sur une augmentation de la production éditoriale, qui n’a « rien de vertueux » en bout de chaîne et n’aide surtout pas les libraires « à maintenir le niveau de qualité » de la profession, selon Amanda Spiegel.
« Comment créer plus de valeur et mieux la partager ? »
Pour améliorer leur marge, les libraires ont déjà des pistes qu’ils présenteront à Strasbourg, au-delà de la généralisation du taux de remises des diffuseurs à 36% pour les grands groupes, « que seuls Editis et Madrigall » ont mis en place actuellement, fait part la présidente, par ailleurs libraire à Amiens. Il s’agirait également de revoir la répartition des frais de transport, entièrement supportés par le libraire aujourd’hui, avec la possibilité de prise en charge par le distributeur pour les offices. Autre levier, et pas des moindres, la limitation du rabais pour les collectivités à destination des bibliothèques, qui génère 15% d’amputation de marge aux libraires. Le SLF propose de passer ce rabais, devenu systématique, de 9 à 5%, pour un coût au niveau national estimé à 6 millions d’euros. Gain de marge estimé pour les libraires avec cette simple dernière mesure : +1%, soit le double de la moyenne nationale !
C’est de cela et de bien d’autres choses dont il sera question en Alsace et notamment, « comment créer plus de valeur et mieux la partager ? », résume Guillaume Husson, délégué général du SLF. Cela tombe bien, car aux 7e RNL de Strasbourg, tous les métiers du livres seront représentés, avec 1 200 inscrits, dont 700 libraires.
Retrouvez le programme complet des 7e RNL à gauche de l’article.