RNL 2024

Des néo-libraires lucides mais confiants en l’avenir

Les libraires dans les ateliers - Photo Olivier Dion

Des néo-libraires lucides mais confiants en l’avenir

L’engouement pour le métier de libraire ne faiblit (presque) pas — avec 574 créations en cinq ans, pointe l’étude « Où en sont les nouveaux libraires ? » présentée par le cabinet Axiales au cours des Rencontres nationales de la librairies, organisées les 16 et 17 juin à Strasbourg pour le Syndicat de la librairie française. Malgré des difficultés économiques, une écrasante majorité de ces nouveaux professionnels se dit « optimiste » quant à son avenir.

Par Cécilia Lacour à Strasbourg,
Créé le 17.06.2024 à 18h58 ,
Mis à jour le 24.06.2024 à 12h36

Deux ans après l’étude consacrée aux « créateurs et repreneurs de librairie », la consultante du cabinet Axiales Mathilde Rimaud, a présenté, lundi 17 juin lors de la seconde journée des Rencontres nationales de la librairie, un nouveau volet de l’enquête dédiée à ces professionnels pour savoir « Où en sont les nouveaux libraires ? », dont les chiffres complets sont disponibles sur le site du Syndicat de la librairie française (SLF).

Premier constat : l’attractivité du métier de libraire est confirmée. Entre 2019 et 2023, le maillage s’est étoffé avec 574 créations de librairies. Si 2021 représente une « année de bascule », le pic a été atteint l’année suivante avec pas moins de 189 ouvertures (33 % du total). Malgré un léger tassement depuis, le nombre reste élevé avec 169 créations en 2023. Et cet engouement concerne l’ensemble du territoire hexagonal avec un nombre de création « assez homogène et un maillage encore plus fin », pointe Mathilde Rimaud.

Des femmes quadragénaires 

Qui porte ces ouvertures ? Majoritairement des femmes (66,7 %), âgées de 45 ans ou moins (54 %). « Les créateurs et créatrices sont plutôt jeunes », observe l’experte, précisant que « 23 % d’entre elles et eux ont moins de 35 ans ». Ces personnes ont eu, pour 33,7 % d’entre elles, une expérience en librairie et optent pour une librairie généraliste (75 %). `

Quand est fait le choix de la spécialisation, les néo-libraires sont en cohérence avec les résultats du marché : la bande dessinée et le manga ont le vent en poupe (36,7 % des librairies spécialisées), tout comme la jeunesse (26,5 %). Fait nouveau : l’émergence d’enseignes spécialisées dans les littératures de l’imaginaire.

Les néo-librairies privilégient également une ouverture dans des communes de moins de 20 000 habitants (53,3 % du total). Plus d’une enseigne sur cinq est même implantée dans une commune de moins de 5 000 habitants. De fait, ces commerces sont de taille modeste (75 m2 en moyenne) mais avec des rayons bien remplis (7 000 références en moyenne). À noter cependant que la moitié des répondants proposent moins de 6 500 références.

Précarité

Par effet de « corrélation entre leur implantation et leur surface économique réduite », le chiffre d’affaires médian s’établit à 170 000 euros. Par ailleurs, plus de la moitié (54 %) des enseignes reposent uniquement sur les épaules du gérant ou de la gérante. Ces derniers se retrouvent dans une situation de « grande précarité ». Près de la moitié (43 %) ne peut en effet pas se rémunérer et seuls 22 % perçoivent une rémunération supérieure au Smic.

À cette précarité s’ajoute un certain nombre de difficultés comme le manque de rentabilité, la charge de travail ou encore le manque de temps. Les libraires attendent aussi de meilleures remises, une amélioration du service de distribution et de transport ou une meilleure considération en tant que librairies de niveau 2.

Pour autant, le pessimisme n’est pas de mise. Parmi les bonnes nouvelles : une satisfaction liée, pour 87 % d’entre eux, à leur choix d’implantation, où ils estiment souvent combler un manque, ou à la présence d’une clientèle de proximité (79,5 %). Si bien que ces néo-libraires n’éprouvent « aucun regret » à avoir choisi « un métier passion ». Et surtout, 75 % se veulent optimistes pour l’avenir de leur enseigne.

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