Salon du livre de Paris

C'est devant une foule l'acclamant debout que Quino, 82 ans, est arrivé en fauteuil roulant au Salon du livre de Paris pour une rencontre samedi après-midi. Après plusieurs rendez-vous manqués notamment au dernier festival Angoulême, fin janvier, pour des raisons de santé, le dessinateur argentin créateur de Mafalda, a échangé pendant une heure avec Zep, dans un français parfait, à propos de son personnage qui fête ses 50 ans. Dans la salle comble, ses lecteurs Français, qui ont découvert son œuvre publiée par Glénat, mais aussi beaucoup d'Argentins vivant à Paris. Tous ont voulu rencontrer "le plus grand artiste argentin, comme le dit une auditrice enthousiaste. Nous sommes si honorés de votre présence, nous avons grandi avec vous", souligne-t-elle.

"A quoi ressemblerait Mafalda aujourd'hui?" lui demande le créateur de Titeuf. "Pour moi Mafalda est un dessin et non une personne, répond Quino. Des lecteurs me demandent parfois si Miguelito s'est marié avec Susanita... Je ne me pose pas la question."

A travers les strips humoristiques de Mafalda, un personnage créé en 1964 dans les pages de l'hebdomadaire Primera Plana, Quino parle de la société argentine, des injustices sociales, du sexisme, du monde qui l'entoure. Lui, qui a connu la dictature et les escadrons de la mort, a été censuré en Bolivie et au Chili, mais dit n'avoir jamais été directement menacé en Argentine pour ce personnage qu'il a abandonné en 1973. "C'est une petite fille, on lui laisse dire ce qu'elle veut", constate-t-il, avant de raconter cependant qu'il a dû quitter l'Argentine pendant trois ans après le coup d'état de 1976, "un exil qui est comme tous les exils, un déchirement".
 
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C'est son éditeur Daniel Divinsky des éditions De la Flor, au premier rang lors de la conférence, qui a eu l'idée de faire le premier album. "Il était à la poste et il a vu que quelqu'un avait découpé dans la presse le strip de Mafalda et l'avait collé dans un cahier." Les 5 000 exemplaires imprimés se vendent en deux jours et la petite fille va faire le tour du monde.  Quand on lui demande s'il est fier de sa carrière, Quino répond : "Je voulais être Picasso. Alors je suis content du résultat de Mafalda mais, pas tant que ça !"
 
A propos du regard qui est porté sur son œuvre dans son pays, il explique qu'"en Argentine, les dessinateurs de BD sont considérés comme des savants et la presse nous demande nos avis sur l'actualité nationale et internationale." D'ailleurs dans la salle, une jeune femme lui demande ce qu'il pense de la situation au Venezuela, où étudiants et opposition manifestent contre la gestion du président Nicolas Maduro. 
 
L'ambassadeur de France en Argentine a conclu la rencontre en remettant au dessinateur les insignes d'officier de la légion d'honneur. "La culture, le cinéma et la littérature française nous ont nourri en Argentine. Quand j'étais jeune, je voyais dans les journaux l'attribution des légions d'honneur et je me disais, qu'un jour, si j'étais assez sage, on m'en remettrait une. Je suis extrêmement fier", a encore déclaré Quino. Il y a un deux semaines, il remettait la même Légion d'honneur à Mafalda, première personnage de bande dessinée à recevoir une telle distinction.

Fatigué, le dessinateur argentin n'est pas resté pour des dédicaces, mais s'est prêté aux nombreuses photos de la presse et du public, qui s'est à nouveau levé pour l'applaudir longuement à la fin de la rencontre.

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