Plébiscité par les jurys des grands prix (Médicis en 1983 pour Cherokee, Goncourt en 1999 pour Je m’en vais) et fidèle depuis toujours aux éditions de Minuit, Jean Echenoz publie son 16e roman. Envoyée spéciale, dont le tirage atteint les 42 000 exemplaires, évoque le destin de Constance, une femme "oisive" enlevée, sur fond de contre-espionnage, par une bande de pieds nickelés que l’on suit du fin fond de la Creuse aux rives de la mer Jaune, séparant la Chine de la péninsule coréenne (voir notre avant-critique p. 45).
Après ses chroniques en six volumes du quinquennat de Nicolas Sarkozy, Patrick Rambaud, qui s’était éloigné un temps du paysage politique français avec Le maître (Grasset, 2014), livre cette fois sa vision des premières années du "règne" de François Hollande. Dans François le Petit, tiré à 35 000 exemplaires, le Goncourt 1997 (La bataille, Grasset) brosse le portrait du président de la République et de son entourage à l’Elysée avec l’humour et la distance qui le caractérisent (voir notre avant-critique dans LH 1063, p. 47).
Cinq ans après Romance nerveuse (Gallimard, 2010), Camille Laurens revient au roman avec Celle que vous croyez, tiré à 12 000 exemplaires. La lauréate du prix Femina 2000 (Dans ces bras-là, P.O.L) y met en scène Claire, 48 ans, amoureuse suspicieuse qui décide de se créer un faux profil sur Facebook afin d’enquêter sur Jo, son amant passager. Une chronique de l’amour au temps des réseaux sociaux centrée sur le désir féminin (voir notre avant-critique p. 46).
En janvier 2014, Edouard Louis faisait une entrée fracassante en littérature avec En finir avec Eddy Bellegueule, vendu après un premier tirage à 25 000 à quelque 300 000 exemplaires tous formats confondus. Deux ans plus tard, le normalien de 23 ans propose un roman une fois encore à dimension autobiographique et sociologique, tiré d’emblée à 60 000 exemplaires). Histoire de la violence raconte l’agression du narrateur à son domicile par Reda, fils d’immigré algérien, ainsi que les longues démarches policières, médicales et judiciaires qui s’ensuivent (voir interview et critique p 26).
Malgré des rumeurs de départ de chez Stock, Philippe Claudel publie bien son nouveau roman, trois mois seulement après la sortie en salle de son dernier film, Une enfance. Dans L’arbre du pays Toraja, l’auteur multiprimé (Lesâmes grises, prix Renaudot 2003 ; Le rapport de Brodeck, prix Goncourt des Lycéens 2007) se penche sur "la part que la mort occupe dans nos vies" à travers le personnage d’un cinéaste qui vient de perdre son producteur et meilleur ami. Tirage prévu : 50 000 exemplaires (voir notre avant-critique dans LH 1064, p. 45).
Apprenant la mort de Jean-François Laborde, ancien maire de son village natal, Antoine, le personnage principal de La renverse, se voit contraint de replonger dans le drame qui a secoué sa famille une dizaine d’années plus tôt. Après Peine perdue, paru en août 2014, Olivier Adam, auteur aux nombreuses adaptations cinématographiques, livre une fiction mêlant sphères intime, familiale et politique, inspirée d’une histoire vraie. Flammarion en imprime 60 000 exemplaires (voir notre avant-critique dans LH 1064, p. 45).
Romancière discrète à l’œuvre couronnée de succès (prix Femina 1989 avec Jours de colère, Gallimard, et prix Goncourt des Lycéens 2005 avec Magnus, Albin Michel), Sylvie Germain prend comme point de départ de son nouveau roman la naissance singulière d’un garçon sauvage aux origines porcines qui peine à s’intégrer dans le village où on l’a recueilli. Adopté par deux jumeaux, il découvre le pouvoir des mots et tente de mener une vie normale sans oublier d’où il vient. Une fresque sombre tendant vers le merveilleux qu’Albin Michel a tirée à 40 000 exemplaires (voir notre avant-critique p. 44).