Essai/France 22 nov. A.Chabrier & M.-A.Charlier (dir.)

Epigramme, épode, libelle, pamphlet, les mots sont nombreux pour désigner les textes qui se moquent d'un personnage ou d'un fait. Quand il s'agit de dessins, on les classe sous un seul genre : la satire. Un collectif d'historiens a eu la judicieuse idée de comparer ce genre dans les journaux français, belges, suisses et québécois des années 1930. Et c'est peu dire que l'ouvrage richement illustré vient corriger quelques idées
reçues sur cette époque et sur la
liberté de railler dans les démocraties. Car de qui se moque-t-on alors ? Des politiciens en premier lieu, mais aussi des femmes, des homosexuels, des juifs. L'ouvrage, universitaire mais très accessible, nous immerge dans un système médiatique en pleine mutation dans un contexte de crises économique, sociale et idéologique qui fait réfléchir après la tuerie contre Charlie Hebdo en 2015 et pose des questions fondamentales. Peut-on encore produire de l'information sérieuse par la satire ? La réponse se trouve chaque mercredi dans les kiosques et se nomme Le Canard enchaîné. C'est le seul de cette période à avoir surnagé dans cette mare quelquefois nauséabonde en perpétuant le métier de dessinateur-journaliste. Laurent Lemire

Amélie Chabrier et Marie-Astrid Charlier (dir.)
Coups de griffes, prises de bec : la satire dans la presse des années trente
les Impressions nouvelles
Tirage: 1 300 ex.
Prix: 29,50 euros ; 224 p.
ISBN: 9782874496356

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