L'appel-pétition « contre Amazon et son monde », initié par l'organisation altermondialiste Attac, ne constitue pas la première action prise en France pour tenter d'ébranler les positions du cybermarchand américain et de ralentir son irrésistible progression depuis 25 ans. Mais, pour la librairie, qui s'y est associée au plus haut niveau (le président du SLF, Xavier Moni, sa vice-présidente Maya Flandin, son ex-président Matthieu de Montachalin et d'autres), comme pour des auteurs (Alain Damasio) et des éditeurs (L'atelier), il marque un cap. Les libraires ne s'associent pas seulement, à la veille du Black Friday le 29 novembre, à une campagne pour faire de cette vaste opération commerciale un « vendredi noir » pour la firme américaine. Dans l'esprit du mouvement « buy local » auquel les libraires participent depuis plus de dix ans aux Etats-Unis, le SLF s'inscrit dans un mouvement plus large pour promouvoir des alternatives au commerce mondialisé fondées non seulement sur l'achat local, mais aussi sur une éthique de la consommation, un commerce équitable et durable.

Comme l'ont montré les multiples actions déjà menées contre Amazon, une pétition ne suffira pas à renverser un rapport de force écrasant. Aux Etats-Unis, le leader de la vente en ligne contrôle 40 % des ventes de livres et plus de 60 % du marché numérique. Au Royaume-Uni, le groupe assure même 90 % des ventes d'ebooks. Si le livre est devenu minoritaire dans son activité, pour laquelle il joue le rôle de produit d'appel, Amazon ne s'en est pas moins imposé, par une attention soutenue au service à la clientèle, porté à un très haut niveau, comme le principal acteur du marché du livre. Mais en approfondissant leur identité propre, en tissant de nouveaux liens avec leur clientèle et avec d'autres partenaires, en affirmant leur différence et leur projet culturel et social, les libraires contribuent à la diversité, préparant, peut-être, après le vendredi noir, un samedi rose.

22.11 2019

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