Liberté d'expression

Salman Rushdie et Jonathan Franzen accusent la Russie d'asphyxier la créativité

Vladimir Poutine à Sotchi

Salman Rushdie et Jonathan Franzen accusent la Russie d'asphyxier la créativité

A la veille de l'ouverture des Jeux Olympiques d'hiver de Sotchi, 200 écrivains signent une lettre ouverte pour dénoncer les lois russes anti-gay et sur le blasphème, bridant la liberté d'expression.

Par Anne-Laure Walter,
avec afp Créé le 06.02.2014 à 15h18

Plus de 200 éminents écrivains ont signé une lettre ouverte  publiée jeudi 6 février dans le quotidien britannique The Guardian pour dénoncer les lois russes sur le blasphème et contre l'homosexualité, à la veille du lancement vendredi des Jeux olympiques d'hiver à Sotchi, en Russie.

Salman Rushdie, Jeffrey Eugenides, Paul Auster, Sofi Oksanen, Elif Shafak, Yann Martel ou encore Jonathan Franzen ont accusé la Russie d'"asphyxier" la créativité. Ils expliquent que la loi contre la "propagande de relations sexuelles non-traditionnelles", la récente interdiction du blasphème, les charges accrues contre la diffamation "mettent les écrivains particulièrement en danger", ont-ils averti.

"Une démocratie saine doit écouter les voix indépendantes de tous ses citoyens; la communité internationale a besoin d'entendre, et d'être enrichie par, la diversité des opinions russes", pouvait-on lire dans cette lettre signée par plus de 200 écrivains issus de 30 pays différents, dont quatre prix Nobel de littérature (Günter Grass, Wole Soyinka, Elfriede Jelinek et Orhan Pamuk).

"Nous exhortons donc les autorités russes à révoquer ces lois qui étrangle la liberté d'expression", ont ajoutés les écrivains, faisant voeu de ne pas se taire "alors que nous voyons nos amis écrivains et journalistes forcés au silence ou s'exposant à des poursuites et parfois à des peines drastiques pour le simple fait de partager leurs pensées".

La loi promulguée en juin dernier par Vladimir Poutine, punissant d'amende et de prison la "propagande" de l'homosexualité devant mineurs a suscité depuis de vives critiques, notamment en Occident.

Mercredi, alors que la flamme olympique arrivait à Sotchi, l'ONG de défense LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels) All Out a organisé des manifestations dans 19 villes du monde, de New York à Melbourne en passant par Paris et Saint-Pétersbourg pour la Russie (mais pas Sotchi), appelant les sponsors des JO à "sortir de leur silence sur les lois anti-gays russes".

Abordant le sujet dans un discours mardi à Sotchi, le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, a déclaré que tout le monde devait lutter contre les "discriminations sur la base (...) de l'orientation sexuelle ou tout autre préjudice".

Mais le sport ne devrait pas être "une tribune pour des dissidences politiques ou pour essayer de marquer des points pour des motifs de contestation politique intérieure ou extérieure", a -t-il souligné.

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