25 AVRIL - DOCUMENT Etats-Unis

Même si la programmation de sa publication en France est à mettre en rapport avec l'actualité - les Rolling Stones s'apprêtant à célébrer leur demi-siècle d'existence -, Dance with the Devil n'est pas un livre de plus sur le groupe, ni de circonstance. Sa propre histoire éditoriale, racontée par Stanley Booth dans sa postface à la réédition de 2000, le démontre.

Journaliste musical né en Géorgie en 1942, Booth a rencontré tout le gratin du rock, et en particulier les Stones, avec qui se sont instaurées confiance et complicité, et même amitié avec Keith Richards. Aussi, en octobre 1969, lorsque naît l'idée de consacrer un livre aux Pierres Roulantes, autoproclamées "plus grand groupe de rock du monde", c'est Stanley qui est choisi. Une lettre, reproduite en frontispice de son livre, l'assure de leur "exclusive collaboration » au projet.

L'affaire se présentait donc sous les meilleurs auspices. Sauf que la mort de Brian avait déjà porté un coup au moral du biographe. Puis survint le drame d'Altamont en Californie, le 6 décembre de cette même année. En plein show des Stones, un jeune fan noir, Meredith Hunter, 18 ans, est frappé à mort par des Hell's Angels censés assurer la sécurité du concert. C'est d'ailleurs sur cet épisode que se clôt Dance with the Devil. Après la tragédie d'Altamont, qui sonne le glas des swinging sixties, rien ne sera plus jamais comme avant. Et surtout pas les Stones, qui, depuis toutes ces années, se sont "survécu", et n'ont jamais retrouvé leur inspiration première.

Booth, au final, mettra quinze ans à écrire son texte. Du coup, lorsqu'il est paru aux Etats-Unis, le livre a fait un bide : en 1984, les Stones étaient déjà has been, et les yuppies avaient remplacé les hippies. En Grande-Bretagne, en revanche, il a plutôt bien marché.

Dans sa préface, Greil Marcus salue le talent de Stanley Booth, lequel s'est choisi pour maîtres Kerouac et Chandler. C'est un rescapé de la vie, qui porte aujourd'hui un regard désabusé sur ce qu'est devenu le rock, lequel "semble avoir perdu ce qui lui restait de portée morale ou sociale ». The Time They Are a-Changin', comme disait un certain Bob Dylan, contemporain de Stanley Booth et des Stones. Mais c'était en 1964, et tout semblait encore possible.

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