"Un peu de réalité et un peu d’invention. D’ailleurs, la vie est bien ainsi, non ?" Les livres de Milena Agus se composent indéniablement de ces ingrédients. Une pincée de contes de fées, une poignée de personnages attachants et une cuillerée de sentiments universels. Sans oublier les secrets ou les grains de folie qui font le sel de la vie. Propulsée en 2007 par Mal de pierres, elle verra le succès de ce premier roman se prolonger, en octobre prochain, grâce à l’adaptation cinématographique qu’en signe Nicole Garcia. Une actualité complétée par la version "Piccolo" de Prends garde (2015), écrit en tandem avec la journaliste Luciana Castellina.
Si La comtesse de Ricotta (2012) se situait dans une maison, Agus place l’intrigue de Sens dessus dessous dans un immeuble. Alice, la narratrice, est le trait d’union entre les différents protagonistes. Elle revient avec nostalgie à Cagliari, le lieu de villégiature de son enfance. Celui qui devait atténuer "la catastrophe" : la mort de son père et la démence de sa mère. Alice se réfugie dans la rêverie et la poésie. Elle aime aussi vivre par procuration, en observant ses voisins. M. Johnson et les siens occupent tout l’étage. Ce gentleman, aux "lacets défaits", réputé riche, semble pourtant bien démuni dans ses appartements. Alors Alice lui présente Anna, la dame d’en bas, "pour tenir sa maison". Cette femme de ménage, au "salaire de misère", est cabossée, mais elle garde son côté solaire. D’autres héros peuplent cette constellation, tissant des relations inattendues.
Milena Agus écrit que "c’est dans les détails que résident les prémices de tout". C’est précisément là qu’elle plante sa plume. Un petit rien prend un sens majeur. Il y a toujours une belle naïveté dans ses romans, qui nous parlent simplement des aspects surprenants de l’existence. Kerenn Elkaïm