Yvetot, 13 octobre 2012 : plus de 500 personnes sont venues avec ferveur rencontrer Annie Ernaux, invitée par la médiathèque. «Yvetot est, plus que n'importe quel autre lieu, le lieu de ma mémoire essentielle, celle de mon enfance", a confié l'écrivaine au cours de sa conférence, précisant le rôle de la ville dans son oeuvre littéraire : "Yvetot est le lieu de l'expérimentation, le matériau fourni par la mémoire mais utilisé, transformé par l'écriture en quelque chose de général." Cette présence à Yvetot de la discrète et célèbre auteure de La place et des Années est un événement pour les habitants de la petite ville cauchoise. "Jusque-là elle avait toujours décliné les invitations, indique la directrice de la médiathèque, Pascale Lécuyer, mais la parution de son livre Ecrire la vie, dans la collection "Quarto", où la ville d'Yvetot est si présente nous a semblé, à moi et à mon équipe, une belle opportunité de l'inviter à nouveau."
Si l'affluence était exceptionnelle pour cette rencontre "historique", la médiathèque Guy-de-Maupassant, aujourd'hui intercommunale - donc investie d'une mission sur l'ensemble des 14 communes - n'en est pas à sa première manifestation d'ampleur. "Malgré un manque de place qui nous oblige à demander asile au conservatoire de musique d'à côté ou, pour cette fois, à la grande salle des Vikings, nous organisons régulièrement des rencontres, un peu à l'image des universités populaires, afin d'apporter aux Yvetotais et à tout le public du territoire des manifestations intellectuelles exigeantes à proximité de chez eux." Ainsi la venue du linguiste Alain Rey en 2010 avait rassemblé 300 personnes, et les cycles de conférences organisés tous les deuxièmes mardis du mois drainent eux aussi un large public. Il y a eu par exemple "La rumeur des mots" en 2011, avec des linguistes et des spécialistes de la langue, puis le cycle "Au plus près des étoiles" où intervenaient des astronautes et des physiciens. A la rentrée 2013 se déroulera un cycle sur le thème de l'économie.
Manque de place
Si la médiathèque de cette ville de 11 000 habitants dispose d'un budget d'acquisition (73 000 euros) et d'animation (15 000 euros) correct et à peu près stable, elle manque de place (1 100 m2) aussi bien pour les collections que pour l'installation de nouveaux services au public. Pascale Lécuyer juge également indispensable de développer un vrai plan de lecture publique à long terme sur tout le territoire et d'inciter les élus des 14 communes avoisinantes à construire leur propre établissement et travailler en réseau. La réforme territoriale en cours ne favorise pas ces initiatives pour le moment.