Cessions de droits

Alors que la Chine est le premier acheteur de droits de livres français, Solène Demigneux, directrice de l'agence Dakai, spécialisée dans les cessions vers ce pays, analyse l'impact du -coronavirus sur l'activité des éditeurs de l'Hexagone.

Livres Hebdo : Le coronavirus ralentit-il les ventes de droits français en Chine ?

Solène Demigneux : Le marché s'était déjà ralenti avant l'épidémie car le gouvernement chinois avait décidé de restreindre les achats de numéros d'ISBN. Et, jusqu'à présent, il était assez compliqué d'évaluer les impacts du virus, le début de l'année étant habituellement une période creuse pour nous. Mais la reprise se fait habituellement début mars, après les semaines d'arrêt du Nouvel an chinois et le salon de Taipei. Or nous réalisons maintenant que les activités sont très calmes. Les éditeurs chinois restent chez eux, il n'y a pas de prises de décisions, et très peu d'offres d'achat de droits.

Vous attendez-vous à ce que le manque à gagner se creuse pour les éditeurs ?

S. D. : Sans doute. Alors que les maisons d'édition restent fermées, rares sont les contrats que nous parvenons à conclure. D'autant que la distribution souffre aussi. Il y a forcément moins de ventes. Les librairies, si elles sont ouvertes, n'ont pas de clients et les ventes en ligne souffrent de l'impossibilité de livrer. En outre, avec les reports de salons, tout reste à l'arrêt. Nous ne pouvons faire le même travail de prospection lorsque nous ne sommes pas en face à face. Il y a une inquiétude générale même si elle reste difficilement quantifiable. C'est surtout dans les prochains mois que les impacts vont se ressentir. On peut s'attendre à une amputation du chiffre d'affaires des éditeurs français, et il est évident que les versements de droits d'auteur vont prendre du retard. Malgré le nombre encore importants d'inconnues, les répercussions du virus sont certaines sur le long-terme, sur toute la chaine du livre, d'une manière ou d'une autre.

Quand et comment envisagez-vous un retour à la normale ?

S. D. : C'est la question du moment ! Nous sommes encore tous dans l'expectative. En Chine, il y a un sentiment de reprise car le pic de l'épidémie semble passé, mais en Europe elle s'étend. On peut s'attendre à un réveil d'ici deux à trois semaines, mais jusqu'à quel point ? Soit tout reprendra brusquement et chacun cherchera à rattraper son retard. Soit la reprise sera plus progressive, avec les deux salons cruciaux de Bologne et Taipei début mai. De toute façon, dans l'intérêt de tous, il faut que le secteur se relance au plus vite.

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