Référé contre Alain Minc accusé de plagiat

Référé contre Alain Minc accusé de plagiat

Plagiat ou pas? Les débats ont été vifs lors du référé opposant Pascale Froment, auteure de René Bousquet, à l'essayiste et son éditeur.

Par Vincy Thomas,
avec vt, avec afp Créé le 15.04.2015 à 23h36

Jeudi 20 juin, Pascale Froment, dont le René Bousquet (Ed. Stock, 1994, réédité en 2001) consacré à l'ancien fonctionnaire de Vichy fait référence, attaquait en référé (procédure d'urgence) Alain Minc, qu'elle accuse de contrefaçon, et son éditeur Grasset (lire également notre actualité du 11 juin).

Elle demande l'interdiction de la diffusion de L'homme aux deux visages. Jean Moulin, René Bousquet, itinéraires croisés (2013) et 100 000 euros de dommages et intérêts.

Mme Froment a consacré "trois ans de sa vie" à son ouvrage, dans lequel elle cite de nombreux entretiens inédits comme ceux que lui avait accordés François Mitterrand, a plaidé son avocat Me Alain Levy devant le tribunal de grande instance de Paris.

Elle n'a pas effectué un simple travail de compilation, mais met en perspective, a plaidé l'avocat, qui a recensé 308 emprunts reprochés à Alain Minc dans son livre (Ed. Grasset, 2013).

"C'était bien qu'il le lise, mais pas qu'il le pille"

"A aucun moment" celui-ci ne se réfère au travail de Pascale Froment, hormis dans la bibliographie, a-t-il dénoncé, soulignant que l'essayiste a même reproduit une erreur de sa cliente dans une citation de Pierre Laval dans son livre.

"C'était bien qu'il le lise, mais pas qu'il le pille", a estimé Me Levy, qui comptabilise que sur les 834 lignes consacrées par Alain Minc à René Bousquet, 556, marquées au surligneur fluorescent, sont issues d'emprunts au travail de sa cliente.

"On colorie allègrement mais on ne démontre strictement rien", lui a rétorqué Me Josée-Anne Benazeraf, l'avocate d'Alain Minc, estimant que parmi les "308 emprunts invoqués", "pas un seul exemple" n'a été cité par son contradicteur dans sa plaidoirie.

Selon elle, dans les 50 pages de conclusions de son confrère, "il n'y a que du volume, que de la masse, mais il n'y a rien de consistant".

Le livre de son client est "une réflexion philosophique", dont l'auteur "se nourrit d'histoire, mais les informations historiques viennent au soutien d'une démonstration".

"C'est une escroquerie que de parler de paraphrase, il est ici question de faits. On ne paraphrase pas des faits, des faits sont des faits", a-t-elle argué.

"Les faits ce n'est pas protégeable", a renchéri pour les éditions Grasset Me Dominique de Leusse, qui a plaidé le rejet des demandes de Pascale Froment "insignifiantes par leur outrance".

Alain Minc n'en est pas à son premier procès pour plagiat. L'auteur de Spinoza, un roman juif avait été condamné en 2001 à verser 15 244 euros de dommages et intérêts à un professeur bordelais, Patrick Rödel, pour contrefaçon de sa biographie Spinoza, le masque de la sagesse.

Le délibéré sera rendu public le 2 juillet prochain.

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Lire aussi le blog d'Emmanuel Pierrat à ce sujet : Le plagiat, le doublon et l'apologie

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