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(Re)définir l’indépendance

Benoît Laureau, cofondateur des éditions de L'Ogre - Photo Olivier Dion

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Suite à la diffusion du podcast et à la parution du magazine consacrés aux indépendances et interdépendances, le cofondateur de L’Ogre Benoît Laureau a souhaité partager avec nous cette courte réflexion. De quoi alimenter les débats aux Assises de l’édition indépendante qui s'ouvrent ce 19 février à Bordeaux.

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Benoît Laureau

La question de l’indépendance s’est considérablement complexifiée, à tel point que la notion est de plus en plus difficile à circonscrire. Il n’a pourtant jamais paru aussi indispensable de nommer et de qualifier cette façon très politique de faire de l’édition de création, si singulière par rapport à l’édition dite « de groupe ».

Se concentrer exclusivement sur l’indépendance capitalistique reviendrait à minorer la dépendance économique et logistique dans laquelle sont placées la plupart des structures dites indés en ayant recours à des diffusions distributions déléguées, que ces dernières soient ou non rattachées à un groupe éditorial. 

La question de la liberté et la qualité des choix éditoriaux ne sont pas non plus l’apanage de nos structures.

L’indépendance serait donc plutôt à chercher du côté de l’état d’esprit et de la capacité à contrôler a minima la manière d’éditer, de fabriquer et de commercialiser le livre, de l’autonomie. 

Mais ce que révèle surtout cette tentative de définition, c’est que derrière nos indépendances individuelles (auteurs, éditeurs, libraires, diffuseurs-distributeurs), se cache une interdépendance très concrète et politique. Et il me semble aujourd’hui beaucoup plus intéressant de se concentrer sur cette notion, de la définir et de s’en servir pour construire une véritable chaîne du livre indépendante peut-être seule à même d’apporter un ensemble de réponses à nos préoccupations – qu’elles soient sociales, écologiques, économiques ou esthétiques.

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