"Je vais à la chasse !" lance le jeune cow-boy héros de cette histoire. Ni une ni deux, il saute sur son fier cheval, après avoir salué Jeff et Jim. Quand il rentre à la maison, surprise. Un type répondant au nom de Koko a pris sa place… Placide en diable, Jeff lui explique que c’est comme ça: qui va à la chasse perd sa place. Et que s’il le souhaite, il peut rester. Il n’aura qu’à s’installer sur le petit tabouret. Au lieu de se révolter contre son sort qui tient maintenant du strapontin, notre cow-boy prend les choses du bon côté. Après tout, ce Koko n’est pas si différent de lui. Ainsi, comme lui il "rêve d’être moustachu".
Mais la pilule est parfois amère. Pas facile de s’habituer à voir l’autre enfiler son propre pyjama ou écrire des cartes postales à son père. Mais on s’y fait, on se console en se disant que de la place, il n’en manque pas. Un beau jour, Koko à son tour finit par aller à la chasse. Et bien sûr quand il revient, la place est prise… Nul n’est irremplaçable, nous apprend cet album sorti de l’imaginaire du Belge Peter Elliott, auteur d’albums, de BD, chanteur et guitariste de son état. Pour illustrer sa tendre leçon de modestie et de générosité, il ne pouvait pas mieux tomber que sur sa compatriote, Kitty Crowther, qui enchante le monde de son coup de crayon. Qu’elle dessine la courbe d’une vallée, un sapin, un bison ou une bouille de bûcheron à mine patibulaire et chemise à carreaux, chaque fois on est touché, troublé par son infinie délicatesse. Fabienne Jacob
