Bien que le secteur soit lié au marché anglo-saxon, les auteurs français ont investi le young adult. Tous n'ont pas le même profil : certains faisaient déjà de la littérature pour adolescents avant qu'elle ne prenne cette étiquette. C'est le cas de Marie-Aude Murail à L'Ecole des loisirs (Sauveur & fils, dont le tome 5 arrive en librairie fin septembre). Parmi les incontournables, on retrouve l'hyperactive Florence Hinckel, qui s'inscrit à la fois dans une littérature réaliste, cette année dans Nos éclats de miroir, roman épistolaire où la jeune héroïne s'adresse à Anne Frank (Nathan), ainsi que dans sa série Le grand saut (Nathan), ou encore Quatre filles et quatre garçons (Talents hauts, chez Pocket Jeunesse depuis le mois dernier), mais aussi dans l'anticipation avec une série de romans publiés chez Syros. Avec Vincent Villeminot, dont le Nous sommes l'étincelle est un roman phare de Pocket Jeunesse ce printemps, elle a participé en 2015 à l'expérience U4 (Nathan-Syros), une série de quatre ouvrages écrite à huit mains.
Etendard
La veine imaginaire est importante dans ce secteur qui mêle tous les genres, à l'image de Fabrice Colin, plusieurs fois primé, au grand prix de l'Imaginaire notamment, et dont la plume s'adresse aux adolescents aussi bien chez Talents hauts (La bonne aventure, à la rentrée) que de façon plus réaliste chez Albin Michel (Rester debout : Simone Veil ou la naissance d'une légende, ou une biographie de Marilyn Monroe à l'automne).
Victor Dixen, auteur de la série de science-fiction à succès Phobos, dans la collection « R » de Robert Laffont, publie ces jours-ci son nouveau roman, Cogito, sur le thème de l'intelligence artificielle. Auteur venu, lui, de la fantasy, Gabriel Katz (déjà aperçu chez Scrineo) inaugure la nouvelle collection « Big bang » labellisée young adult chez Bragelonne avec Le serment de l'orage, au côté d'une jeune auteure, Chloé Jo Bertrand, dont Apocalypse blues est le premier roman.
« Aujourd'hui, le young adult est un étendard pour les jeunes auteurs, une zone temporaire. C'est là que viennent les auteurs qui ne se reconnaissent pas dans la littérature générale, dans les limites de genres ou d'âges. Ça se traduit par une liberté dans l'écriture, y compris dans le style, très cash, très oral », estime Stéphane Marsan, fondateur et directeur de Bragelonne. La passe-miroir, immense succès de Gallimard, aujourd'hui phénomène international, dont le tome 4 est attendu à l'automne, est le fruit du concours du premier roman organisé par l'éditeur et remporté par Christelle Dabos.
Les maisons françaises misent sur de jeunes auteurs et les suivent : c'est le cas dans une veine réaliste de Clémentine Beauvais (Les petites reines, Brexit romance) ou d'Emilie Chazerand (La fourmi rouge et Falalalala à paraître à la rentrée) chez Sarbacane, c'est aussi celui dans le courant imaginaire de Floriane Soulas chez Scrineo (Rouille, Les noces de la renarde), qui compte aussi parmi ses plumes Aurélie Wellenstein, auteure « coup de cœur » du festival Imaginales en 2017, qui a publié cette année le remarqué récit d'anticipation climatique Mers mortes, mais aussi un roman sur la défense de la cause animale, Blé noir, dans la collection « Electrogène » de Gulf Stream.
C'est aussi sur le Net que les éditeurs vont chercher des talents, tel Albin Michel qui publie la booktubeuse et auteure Nine Gorman (Le pacte d'Emma, Ashes falling for the sky), et se prépare à publier un roman de l'influenceuse Estelle Fitz, Les Mélansires, ou encore Gallimard, qui a repéré l'auteure de Ceux qui ne peuvent pas mourir, Karine Martins, à paraître à la rentrée, sur Wattpad.
Enfin, à l'instar d'Olivier Adam, qui a publiéLa tête sous l'eauchez Robert Laffont (collection « R ») à la rentrée dernière, des écrivains estampillés littérature générale se frottent aussi à ce secteur, particulièrement chez L'Ecole des loisirs, qui a publié cette annéeHome sweet homed'Alice Zeniter et Antoine Philias, et proposera en septembreEdende Rebecca Lighieri, alias Emmanuelle Bayamack-Tam.