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[Quais du Polar 2021] Les polars des pays de l'Est arrivent progressivement en France

Quais du Polar 2021 à Lyon - Photo Dahlia Girgis

[Quais du Polar 2021] Les polars des pays de l'Est arrivent progressivement en France

L’eau rouge du croate Jurica Pavicic est le premier polar croate traduit en France. Ce sont les éditions Agullo, dirigées par Nadège Agullo, qui ont pris l’initiative. L'ouvrage, récompensé par le prix Le Point du polar européen, démontre la difficulté de cette littérature à s’exporter sur les grands marchés.

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Par Dahlia Girgis, Lyon
Créé le 06.07.2021 à 16h13

"À l’Est du nouveau." Le sujet est abordé samedi 3 juillet au Palais de la Bourse de Lyon pour la deuxième journée de Polar Connection. Cette rencontre professionnelle a eu lieu en compagnie du croate Jurica Pavicic, auteur de L’eau rouge traduit par Olivier Lannuzel et publié en mars dernier par les éditions Agullo, dirigées par Nadège Agullo. Le roman, qui a remporté la veille le prix Le Point du polar européen, est le premier livre croate traduit en France.

Une littérature qui s'exporte peu en dehors des pays de l'Est

Dans une fresque historique, Jurica Pavicic narre l’histoire d’un drame familial. Silva, 17 ans, disparaît durant la fête des pêcheurs. Son frère jumeau la recherche pendant trente ans. À travers cette histoire, l'ouvrage laisse paraître trois décennies d’histoire croate. "Nous sommes dans la même ville, mais à chaque fois elle est différente : lieu industriel, précaire avec la fin des industries, festif avec l’arrivée de jeunes touristes", explique l’écrivain et journaliste croate.
 
Peter Kacmar, responsable des éditions slovaque Ikar, et l’auteur croate Jurica Pavicic aux Quais du Polar 2021- Photo DG

 
Peu connu du public français, le lauréat est très populaire dans son pays. "Le tirage de son dernier ouvrage s’élève à 20 000 exemplaires. En comparaison, un titre qui se vend à 10 000 exemplaires en Slovaquie correspond à un best-seller", indique son éditeur slovaque Peter Kacmar, responsable des éditions Ikar. Publier un roman croate sur un marché similaire à celui de la France ? Un cas "très unique", répond Peter Kacmar. L’éditeur a été soutenu financièrement par différentes institutions pour venir assister à la 17e édition du festival international consacré cette année à l’Europe.

"Trop slovaque pour le lecteur"

Au sein de ces manifestations littéraires, et notamment celle de Francfort, l’éditrice Nadège Agullo déniche ses auteurs. Responsable des droits étrangers au début de sa carrière, elle se voit chargée des pays de l’Est. D’un certain manque d’enthousiasme, l’éditrice passe à l’émulation. "C’était comme arriver dans un magasin de bonbons, il y avait tellement de choses", affirme-t-elle. Peu répandu dans les pays de l’Est, le polar ne cesse de se développer depuis son apparition il y a une vingtaine d’années.

Le grand public et la critique appréhendent avec difficulté la variété provenant des pays de l'ex-bloc soviétique. Aujourd’hui, la maison d’édition de Nadège Agullo est précurseuse dans le domaine. En 2019, elle publie Il était une fois dans l'Est, d’Arpad Soltész, traduit du slovaque par Barbora Faure. "On nous a dit que c’était trop slovaque pour le lecteur, mais c’est exactement ce que je veux : plonger à travers cette littérature au cœur d’une société."

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