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Puf : course de fonds pour Quadrige & Co

Puf : course de fonds pour Quadrige & Co

Les Presses universitaires de France fêtent leurs 90 ans. A cette occasion, elles publient un recueil anniversaire dans lequel 72 auteurs de la maison expliquent, chacun à sa manière, A quoi sert le savoir.

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Par Hervé Hugueny
avec Créé le 15.04.2015 à 19h12

Alain Morvan, président du directoire des Puf depuis mai dernier. Il a été élu à ce poste à la suite du décès de Michel Prigent.- Photo OLIVIER DION

Pour une maison d'édition, 90 ans, c'est un chiffre rond, rare et respectable qui mérite célébration, assortie d'un peu de communication pour servir la notoriété de l'entreprise. Créées en décembre 1921 par un groupe de professeurs, les Presses universitaires de France sont adossées à un patrimoine de notoriété et de référence intellectuelle qui est aujourd'hui le principal actif de cette entreprise. C'est ce socle qui permet à la maison de tenir dans les difficultés qu'elle traverse depuis plus d'une décennie, et c'est à partir de cette base que sa nouvelle direction veut trouver un avenir, qui peut tenir dans la réponse au titre du recueil anniversaire tout juste publié : A quoi sert le savoir. Parmi les 72 auteurs de la maison qui ont bien voulu plancher sur le sujet, Alain Morvan, président du directoire à la suite du décès de Michel Prigent, en mai dernier, propose une solution facétieusement sérieuse : "vendre des livres et faire vivre les Puf". Pascal Gauchon, créateur de la collection "Major", grand succès de la maison, est moins concret : "Dieu seul le sait". Dominique Lecourt, président du conseil de surveillance, défend plus classiquement sa matière, la philosophie.

A quoi sert le savoir, ouvrage collectif réunissant 72 auteurs des Presses universitaires de France. ISBN : 978-2-13059-462-8. Ce livre est offert en librairie par les Puf pour tout achat d'ouvrages frappés du logo de la maison, et ne peut être vendu.

Coédité avec L'Express et France-Inter, tiré à 20 000 exemplaires, ce recueil sera un des éléments de la communication de la maison. Il sera distribué dans les prochaines semaines à tout acheteur d'un ouvrage frappé du logotype au quadrige, et servira aussi à introduire les émissions et les articles que les deux partenaires produiront avec les Puf. Dans la foulée, l'éditeur prévoit d'organiser aussi des débats dans les universités, l'objectif étant à la fois de recruter de jeunes auteurs, d'entretenir la reconnaissance de la marque chez les lecteurs potentiels, et de favoriser sa diffusion dans les établissements. Avec 13,1 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2010 (dont 1,8 million pour l'activité diffusion), les Puf tiennent toujours leur place de premier éditeur universitaire de sciences humaines, tant en activité qu'en production : 350 nouveautés, 550 avec les nouvelles éditions et un fonds de 8 000 références actives.

"En temps de crise, c'est toujours le fonds qui sauve les maisons d'édition, et il représente ici 70 % du chiffre d'affaires", indique Monique Labrune, nouvelle directrice littéraire - Michel Prigent cumulait cette fonction avec la direction des Puf. L'ancienne responsable des sciences humaines au Seuil ne se contentera bien sûr pas de gérer le fonds, et prévoit de "faire place à des sensibilités nouvelles qui n'ont pas forcément eu l'occasion de s'exprimer dans la maison", sans s'interdire de faire venir des auteurs qu'elle a accompagnés dans ses anciennes fonctions. Mais comme, en moyenne, "il faut six mois pour commander un manuscrit et trois ans pour l'obtenir" dans ce secteur, elle hexorte ses interlocuteurs à la patience avant de s'exprimer sur ses projets. Une certitude, il n'y aura pas de nouvelles collections - la base Electre en recense plus d'une cinquantaine. Les piliers de la maison sont bien sûr "Que sais-je ?" et "Quadrige" en poche, à côté de "Thémis" (droit), "Major" (classes préparatoires) et des grands dictionnaires. Les Puf ont commencé à tester la diffusion numérique, uniquement via Cairn pour le moment, qui diffuse toute la collection "Que sais-je ?" et les 23 revues, ce qui commence à générer des revenus "substantiels". Toutes les nouveautés sont maintenant numérisées.

Une situation saine

"L'année 2011 a été mauvaise pour tout le monde, et les Puf n'y échappent pas", reconnaît Alain Morvan, mais le président du directoire, qui se définit avant tout comme le "gardien de la maison", a toutefois trouvé une situation assainie. En 2010, l'éditeur a réalisé son premier bénéfice depuis plus de dix ans, malgré un chiffre d'affaires en léger repli : les charges ont été réduites encore plus fermement, à la suite de la renégociation des contrats avec les prestataires, et les stocks ont été mieux maîtrisés. A 1 euro supplémentaire sur environ 400 000 exemplaires de vente annuelle, la hausse tarifaire sur les "Que sais-je ?" a porté ses fruits. Surtout, le bilan a été nettoyé de ses 10 millions d'euros de pertes cumulées, et reconstitué par une nouvelle augmentation de capital, sans rien changer à sa répartition depuis la dernière opération, en 2006 : Libris, la holding qui regroupe plusieurs dizaines d'auteurs, directeurs de collection, universitaires, etc., contrôle toujours 55,5 % du tour de table. Un fonds mutualiste (GMF, Maaf, AMF, MMA) dispose de 24,6 %, Flammarion de 15,2 % et divers petits actionnaires pour 4,7 %. Le tout est bien verrouillé : toute cession ou transaction est soumise à l'approbation des organes dirigeants, aux Puf comme chez Libris.

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