En pleine rentrée littéraire, c’est un document politique qui fait l’événement. De l’intérieur. Voyage au pays de la désillusion de Cécile Duflot, ex-secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, ministre de l’Egalité des territoires et du logement de mai 2012 à avril 2014, écrit avec Cécile Amar, journaliste politique du JDD, fait son entrée en 4e position trois jours après sa parution le 25 août et a été réimprimé deux fois pour atteindre un tirage de 30 000 exemplaires.
Présenté sous X aux libraires par Fayard, le livre a été annoncé le 17 août dans le JDD, suivi des bonnes feuilles dans Le Nouvel Observateur et d’une interview dans Elle. Ses révélations ont irrité le premier ministre, Manuel Valls, qui, selon Le Canard enchaîné, a expliqué en plein conseil des ministres que personne ne devait commenter le livre. A ce moment-là, les médias s’emballent et… la polémique aussi. "Il est rare qu’un livre crée l’actualité politique, d’habitude il la commente. Sa publication a eu des répercussions multiples - c’est l’effet domino - et inattendues", constate son éditrice Sophie Charnavel.
"J’ai voté Hollande, cru en lui et été déçue […] J’ai essayé de l’aider à tenir ses promesses, de l’inciter à changer la vie des gens, de le pousser à mener une vraie politique de gauche. Et j’ai échoué. Alors je suis partie", raconte Cécile Duflot dans son introduction. Comme son titre le souligne, De l’intérieur, l’ouvrage brosse un portrait au quotidien de la vie d’un ministre - la difficulté de défendre un budget, Jérôme Cahuzac avec lequel elle ne s’entend pas, les silences du conseil des ministres -, mais aussi celui d’une femme dans un univers impitoyable. Sans langue de bois, elle explique pour la première fois les raisons de son départ du gouvernement en avril et dit sa déception de n’avoir pu mettre en œuvre les changements promis. Mais le livre est plus que cela. Cécile Duflot raconte aussi les dîners avec Kader Arif, Christiane Taubira, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, décrit "la rupture avec Manuel Valls" et un système, celui de l’enfermement sans discussion dans l’austérité. Elle y dévoile les débuts de la crise que vit actuellement le gouvernement, et qui a abouti au départ des ministres et au remaniement du 26 août.