Paru deux ans après le tube de Françoise Sagan, Chocalates for breakfast passe pour le Bonjour tristesse américain. Traduit dans la foulée de sa parution aux Etats-Unis chez Julliard et épuisé depuis belle lurette, le roman de Pamela Moore revoit le jour chez Nil dans une traduction d’époque des plus kitsches. Ce qui n’empêche pas de prendre plaisir à suivre les aventures de Courtney Farell.
L’héroïne de Pamela Moore a 15 ans. Elle est pensionnaire dans un collège où elle lit, non sans mal, Finnegan’s wake de Joyce. Sa "compagne de chambre", Janet Parker, planque du whisky dans un flacon de parfum et parade nue devant elle en s’avouant "épouvantablement sensuelle". Courtney discute avec sa professeure de littérature, répond aux questions du docteur Reismann à qui elle confie se sentir tout le temps fatiguée le matin quand elle se lève.
La jeune fille a des parents divorcés. Papa s’occupe d’édition. Maman est une actrice au bord de la ruine dont les derniers films ont été des fours. Son deuxième mariage - que sa fille avait appris en ouvrant le New York Times - est déjà terminé et elle boit plus qu’il ne le faudrait un cocktail "composé de beaucoup de vodka et de très peu d’autre chose". Courtney, elle, a le droit de siroter des daiquiris depuis déjà un an. Et va être autorisée à découvrir le bloody mary quand elle s’en va retrouver maman à Hollywood.
Là, son corps de rêve n’échappe pas aux garçons présents dans la piscine, ni même au nettement plus âgé Barry. De quoi troubler une Courtney qui dit : "Je veux être charmante, avoir une vie charmante et savoir aimer de façon exquise"… Une sucrerie acide à déguster sans modération. Au petit-déjeuner ou à toute heure de la journée.
AL. F.