30 août > Essai France > Catherine Malabou

Dans Que faire de notre cerveau ? (Bayard, 2004 et 2011), Catherine Malabou concluait sur le fait que la plasticité cérébrale constituait une antonymie de la machine. Le projet européen Blue Brain ("cerveau bleu") basé à Lausanne, avec son "processeur neuro-synaptique", a changé la donne. La philosophe (université de Kingston au Royaume-Uni) fait amende honorable et revient sur les distinctions à faire entre intelligence naturelle et intelligence artificielle.

Ce nouvel essai fait donc le point sur la notion d’intelligence et sur les débats qui eurent lieu dès la fin XIXe siècle entre les philosophes et les psychologues. Parmi ces derniers, le Suisse Jean Piaget considérait l’intelligence comme la poursuite de la vie par la pensée, "un point d’arrivée", et non comme un don ou des dispositions innées.

Que mesure-t-on alors dans les tests de QI ? Catherine Malabou examine toutes ces questions avec lucidité et clarté. Grâce aux recherches en neurobiologie, on sait que le cerveau est "un espace de travail global" et qu’il est "plus qu’un reflet de nos gênes". Peut-on alors craindre, comme le physicien Stephen Hawking, la fin de l’espèce humaine avec le développement d’une intelligence artificielle totale ? Catherine Malabou en doute. Elle soulève pour cela toutes les contradictions en rappelant la formule du philosophe de la technique Gilbert Simondon - "l’être humain est un assez dangereux automate" -, qui relativise la peur que nous pouvons avoir envers les robots. Son essai rappelle que l’intelligence reste un mystère. Mais pas plus que la bêtise. L. L.

Les dernières
actualités