Académie française

Patrick Grainville dénonce "le globish décérébré et sans volupté"

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Patrick Grainville dénonce "le globish décérébré et sans volupté"

Patrick Grainville a défini le style, cet "anti-globish", et rendu hommage à Alain Decaux auquel il succède au fauteuil n° 9 de l'Académie française.

Par Vincy Thomas,
avec AFP Créé le 21.02.2019 à 20h00

Le romancier Patrick Grainville, 71 ans, est officiellement devenu jeudi le 731e membre de l'Académie française (depuis sa fondation au XVIIe siècle) au cours d'une cérémonie solennelle au milieu de ses pairs.

Le nouvel académicien a profité de son premier discours sous la Coupole pour dénoncer "le globish décérébré et sans volupté" et "le snobisme mortifère de l’anglo-américain des services, de la communication bureaucratique", rebondissant à la tribune signée par une centaine d'éditeurs, écrivains, artistes et intellectuels dans Le Monde du 28 janvier.

"Le style, c’est l’anti-globish ! C’est notre flamme, notre incarnation vive, notre révolte prométhéenne contre l’ordre du monde et les dieux monotones", a lancé l'écrivain à l'écriture charnelle et pleine de démesure, auteur de 26 romans dont Les flamboyants (Seuil), couronné par le prix Goncourt en 1976. "On parle à tort de la pureté du style. Mesdames et Messieurs de l’Académie, le style est impur. Il est le sacrilège de la beauté", a-t-il estimé.

« Un écrivain de tous les excès »

Revêtu du traditionnel habit vert, le nouvel académicien a, comme le veut la tradition, rendu hommage à Alain Decaux, "cet amoureux des rêves de l'Histoire", à qui il succède au fauteuil n°9.

"Je ne suis qu'un homme frêle, paré de lauriers d’or, et futiles! N’étaient... les mots de la langue française qui m’ont donné corps et chair, muscle et force, sang et souffle de verbe. Les mots sont mes seules armoiries, ma seule panoplie et mon épée", a déclaré l'écrivain âgé de 71 ans. "Écrire ce n’est pas tant chercher le mot juste et académique que trouver le mot imprévu et d’une vérité plus profonde, plus irradiante", a-t-il ajouté, précisant : "Contre tous les manques de l’existence, les mots sont la présence, l’arbre de vie, le fleuve intarissable, le paradis retrouvé. Le paradis inventé. Je chante la langue française. Sa luxuriance lucide".

"L'Académie, qui préfère les excès modérés, mais qui vous a décerné en 2012 son Grand Prix de Littérature Paul-Morand, voit entrer ici avec vous un écrivain de tous les excès. Un grand métaphorique", lui a répondu Dominique Bona, chargée de prononcer son éloge. "A l’Académie, vous allez apporter vos fièvres et vos colères et les couleurs de vos flamboyants", a ajouté, ravie, l'académicienne qui voit en lui "un écrivain de la jubilation".

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