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Paris Book Market : la vitalité de l'édition française séduit les professionnels du monde entier

Le Paris Book Market a conclu sa troisième édition vendredi 31 mai 2024. - Photo EC

Paris Book Market : la vitalité de l'édition française séduit les professionnels du monde entier

Le marché des cessions de droits, organisé par le Bureau international de l’édition française, s’est tenu les 30 et 31 mai 2024, sur deux sites de la rue de Turenne, dans le IIIe arrondissement de Paris. Pour cette 3e édition, quelque 280 éditeurs sont venus puiser l’inspiration dans la variété de l’offre des 260 marques éditoriales françaises et francophones représentées.

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Par Élodie Carreira
Créé le 31.05.2024 à 19h12 ,
Mis à jour le 01.06.2024 à 14h01

Désormais bien installé dans le paysage éditorial, le Paris Book Market, marché des cessions de droits créé et coordonné par Claire Mauguière, responsable de projets au Bureau international de l’édition française (Bief), a conclu sa troisième édition vendredi 31 mai. Cette année, l’événement a gagné en espace pour accueillir les nombreux échanges internationaux, investissant le 84 et le 116 rue de Turenne dans le IIIe arrondissement de la capitale. Quelque 260 marques éditoriales françaises et francophones, réparties sur 135 stands, ont ainsi multiplié les « speed dating » multilingues, avec près de 280 responsables de cession de droits étrangers d’une grande variété.

« L’édition française marche bien à l’international. Le français est la deuxième langue la plus traduite dans le monde après l’anglais, avec plus de 15 000 contrats de cessions et de coéditions. Au Paris Book Market, les éditeurs internationaux viennent chercher cette vitalité française et beaucoup, déjà présents aux dernières éditions, sont revenus », se réjouit Nicolas Roche, directeur du Bief, face à la joyeuse cacophonie du marché.

« Au Paris Book Market, on rencontre surtout des éditeurs qu’on ne connaît pas »

« Ce salon offre un vrai focus sur la production éditoriale française et réunit beaucoup de conditions facilitatrices avec un contact immédiat, des offres adaptées à notre démarche et des prises de rendez-vous efficaces », ajoute Isabelle Bruchet, directrice commerciale des éditions Prisma. Animée par la volonté de se développer à l’international, la maison, dont le catalogue balaye une offre éclectique, a spécifiquement adhéré au Bief pour son marché professionnel, sur lequel elle espère pouvoir tester son catalogue et dénicher des éditeurs compatibles.

« Au Paris Book Market, on rencontre surtout des éditeurs qu’on ne connaît pas et avec lesquels nous n’avons pas pour habitude d’échanger », complète Gwen Le Cunff, responsable de cession de droits pour les éditions Eyrolles. Une véritable aubaine pour la maison - initiée à la fiction par le développement personnel -, puisque la précédente édition de la manifestation a débouché, en 2023, sur la cession du best-seller feel-good Kilomètre zéro de Maud Ankoua à un éditeur polonais. De la même façon, Judith Parenteau, représentante des éditions Rouergue et Thierry Magnier (Actes Sud) mise sur la collection militante « L’Ardeur », dans laquelle figurent Queen Kong d’Hélène Vignal et Bien trop petit de Manu Causse - déjà cédés au Danemark et en Italie -, pour séduire ses rendez-vous turcs et ukrainiens.

« L’événement est marqué d’une pierre blanche dans l’agenda des éditeurs étrangers et français »

Outre la diversité de son offre, le Paris Book Market a également séduit l’ensemble des éditeurs interrogés pour son cadre « convivial », propice à la création de relations pérennes. Des arguments favorables auxquels s’ajoute « un calendrier idéal ». « L’événement devient de plus en plus colossal. Il est désormais marqué d’une pierre blanche dans l’agenda des éditeurs étrangers comme français. On aurait presque besoin d’un troisième jour de rendez-vous ! », s’enthousiasme Elsa Misson, responsable des cessions pour les éditions Denoël. Et pour cause, à cheval entre la Foire de Londres en mars, et celle de Francfort en octobre, Paris Book Market permet aux spécialistes de la fiction d’introduire, en avant-première, leur rentrée littéraire.

Une opportunité dont se saisit Florent Grandin, éditeur et co-fondateur de la petite maison jeunesse Le Père Fouettard, que nous rejoignons au Café de la Poste, sorte de QG des entrevues spontanées. Au fil des éditions du Paris Book Market, la maison alsacienne a vu son agenda se remplir proportionnellement à l’intérêt des éditeurs de tous les pays pour son catalogue d’albums illustrés, à destination des « sales gosses ». Outre l’attractivité de titres à venir, dont Le peuple des plumes ou la série Pré-animal, l’éditeur remarque un certain goût des professionnels étrangers pour les classiques, grâce auquel il peut revaloriser, « plus longtemps encore qu’en librairie », son fonds.

PBM
Le rendez-vous parisien des professionnels s'est durablement installé dans les agendas des éditeurs français et étrangers.- Photo AM

Au milieu des super-héros américains et des mangas japonais, la création française n’a d’ailleurs pas à rougir. Aujourd’hui, la bande dessinée et la jeunesse françaises constituent près de 60 % des contrats signés à l’international, d’après les informations recueillies par le Bief. « Il y a de plus en plus d’éditeurs étrangers de non-fiction, notamment allemands, qui se ruent sur la bande dessinée », détaille Ella Bartlett, responsable de cession de droits pour l’Iconoclaste et Les Arènes, citant, entre autres, l’Histoire de Jérusalem (Les Arènes), vendu dans sept pays. Un constat partagé par Lina Di Flamminio, représentante de Delcourt, qui observe un changement global de perception : « Les éditeurs étrangers commencent à comprendre que la BD n’est pas destinée qu’aux enfants, et qu’elle peut être une autre façon d’accéder à du contenu scientifique, de l’histoire, de la biographie, du reportage… »

Des éditeurs étrangers prudents ?

Quid de la littérature française, cette historique spécificité culturelle ? « Dans les statistiques du Bief, la littérature est moins bien placée que la BD ou la jeunesse et je crois qu’aujourd’hui, il est plus difficile de vendre des auteurs qui ne sont pas des best-sellers », confie Nathalie Caume, directrice adjointe des éditions Récamier, inaugurées en 2023. Et cette timidité semble tenir la longueur, héritage tenace de la pandémie de Covid durant laquelle s’est généralisé un repli sur les auteurs nationaux.

Plus optimiste, Sophie Langlais, représentante des éditions Quidam, l’Iconoclaste, Tallandier et Le Tripode via Book and More Agency (BAM), s’empresse de répandre la nouvelle : une cession pré-parution du deuxième roman de Maud Ventura, Célèbre (L’Iconoclaste), aux États-Unis. « Les cessions de droits peuvent contrer ou renforcer certains stéréotypes culturels d’un pays. À l’étranger, on attend beaucoup les Français sur l’amour, l’identité, la politique », analyse-t-elle.

Si elle admet qu’une certaine prudence s’observe du côté des premiers romans, l’agente dément l’idée selon laquelle la littérature française souffrirait encore d’une perte de vitesse, et cite, en guise de preuve, le succès international qui couronne Jean-Baptiste Andréa, Goncourt 2023, Mathieu Belezi ou encore Mohamed Mbougar Sarr. Car si le marché des droits est tissé de stratégies éprouvées, il est aussi affaire d'alchimie et de rencontres. Une dimension qui, à défaut d'être quantifiable, était bien palpable dans les discussions sonores des professionnels du livre venus des quatre coins de la planète au Paris Book Market.

 

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